samedi 26 mars 2016

veillée pascale - homélies de saint Jean Paul II


VEILLÉE PASCALE
HOMÉLIE DU PAPE JEAN-PAUL II
Samedi Saint, 10 avril 2004
  
1. "Ce sera pour eux, de génération en génération, une nuit de veille en l'honneur du Seigneur" (Ex 12,42).
Au cours de cette nuit très sainte, nous célébrons la Veillée pascale, la première veillée, plus encore la "mère" de toutes les veillées de l'année liturgique. Comme l'évoque à plusieurs reprises le chant de l'Exsultet, la veillée pascale nous fait parcourir à nouveau le cheminement de l'humanité, depuis la création jusqu'à l'événement culminant du salut, qui est la mort et la résurrection du Christ.
La lumière de Celui qui est "ressuscité d'entre les morts, pour être parmi les morts le premier ressuscité" (1 Co 15,20), rend "lumineuse comme le jour" (cf. Ps 138 [139],12) cette nuit mémorable, considérée à juste titre comme le "cœur" de l'année liturgique. Au cours de cette nuit, l'Église tout entière veille et revit en les méditant les étapes importantes de l'intervention salvifique de Dieu dans l'univers.
2. "Une nuit de veille en l'honneur du Seigneur". La signification de cette Veillée pascale solennelle est double, comportant de riches symboles et une abondance extraordinaire de textes bibliques. D'une part, cette veillée est la mémoire priante des mirabilia Dei (merveilles de Dieu) par l'évocation de pages capitales des Saintes Écritures, depuis la création jusqu'à la promesse de la nouvelle Alliance, en passant par le sacrifice d'Isaac et la traversée de la Mer Rouge.
D'autre part, cette veillée exprime de manière suggestive l'attente confiante du plein accomplissement des anciennes promesses. La mémoire de l'action de Dieu culmine dans la résurrection du Christ et s'oriente vers l'événement eschatologique de la parousie. En cette nuit pascale, nous entrevoyons donc l'aube du jour qui n'a pas de fin, le jour du Christ ressuscité, qui inaugure la vie nouvelle, "un ciel nouveau et une terre nouvelle" (2 P 3,13; cf. Is 65,17; 66,22; Ap 21,1).
3. Depuis les origines, la communauté chrétienne a placé la célébration du Baptême dans le cadre de la Veillée de Pâques. En cette nuit, ici aussi, des catéchumènes, immergés avec Jésus dans sa mort, ressusciteront avec Lui à la vie immortelle. De cette façon, se renouvelle le prodige de la nouvelle et mystérieuse naissance spirituelle, réalisée par l'Esprit Saint, qui incorpore les nouveaux baptisés au peuple de l'Alliance nouvelle et définitive, scellée par la mort et la résurrection du Christ.
À chacun d'entre vous, chers Frères et Sœurs qui vous apprêtez à recevoir les sacrements de l'initiation chrétienne, j'adresse un salut affectueux. Vous venez de l'Italie, du Togo et du Japon: vos origines rendent manifestes l'universalité de l'appel au salut et la gratuité du don de la foi. Je salue aussi vos proches, vos amis et toutes les personnes qui ont accompagné votre préparation.
Par le Baptême, vous ferez partie de l'Église, qui est un grand peuple en marche, sans frontières de races, de langues, de cultures; un peuple appelé à la foi depuis Abraham et destiné à devenir une bénédiction au milieu de toutes les nations de la terre (cf. Gn 12,1-3). Soyez fidèles à Celui qui vous a choisis et confiez-Lui, dans une démarche généreuse, votre existence tout entière.
4. En union avec ceux qui seront baptisés dans quelques instants, nous sommes tous invités par la liturgie à renouveler les promesses de notre Baptême. Le Seigneur nous demande de lui exprimer à nouveau notre pleine docilité et de notre dévouement total au service de son Évangile.
Chers Frères et Sœurs ! Si parfois cette mission peut vous paraître bien difficile, rappelez-vous les paroles du Ressuscité: "Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde" (Mt 28,20). Assurés de sa présence, vous ne craindrez alors aucune difficulté et aucun obstacle. Sa Parole vous éclairera; son Corps et son Sang seront nourriture et soutien sur votre route quotidienne vers l'éternité.
Marie sera toujours à vos côtés, comme elle fut présente aux côtés des Apôtres effrayés et dispersés à l'heure de l'épreuve. Et, avec sa foi, elle vous indiquera, au-delà de la nuit du monde, l'aurore glorieuse de la résurrection. Amen.
 
 VEILLÉE PASCALE
HOMÉLIE DU PAPE JEAN-PAUL II
Samedi Saint, 19 avril 2003 
     
1. «N’ayez pas peur! Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié? Il est ressuscité : il n’est pas ici» (Mc 16, 6).
À l’aube du premier jour après le sabbat, comme le raconte l’Évangile, quelques femmes vont au sépulcre honorer le corps de Jésus qui, crucifié le vendredi, avait été enveloppé en hâte dans un linceul et déposé dans le sépulcre. Elles le cherchent, mais elles ne le trouvent pas: il n’est plus dans le lieu où il avait été déposé. De lui, demeurent seulement les signes de sa sépulture: le tombeau vide, les bandelettes, le linceul. Cependant, les femmes sont troublées à la vue d’un «jeune homme vêtu de blanc» qui leur annonce : «Il est ressuscité: il n’est pas ici»
Cette nouvelle bouleversante, qui change le cours de l’histoire, continue, depuis lors, à retentir de génération en génération : annonce ancienne et toujours nouvelle. Une fois encore, elle a résonné durant cette Veillée pascale, mère de toutes les veillées, et elle se répand en ce moment sur toute la terre.
2. Ô sublime mystère de cette sainte Nuit ! Nuit durant laquelle nous revivons l’événement extraordinaire de la Résurrection ! Si le Christ était demeuré prisonnier du tombeau, l’humanité et la création tout entière auraient, d’une certaine manière, perdu leur sens. Mais toi, Ô Christ, tu es vraiment Ressuscité !
Ainsi les Écritures, que nous venons d’écouter dans la liturgie de la Parole et qui retracent toutes les étapes du projet salvifique de Dieu, trouvent leur accomplissement. Au commencement de la création, «Dieu vit tout ce qu’il avait fait : c’était très bon» (Gn, 1, 31). À Abraham, il avait promis : «Toutes les nations de la terre s’adresseront l’une à l’autre la bénédiction par le nom de ta descendance» (Gn, 22, 18). Nous avons de nouveau entendu l’un des plus anciens cantiques de la tradition juive, qui révèle la signification de l’antique exode, lorsque «le Seigneur sauva Israël de la main de l’Égypte» (Ex 14, 30). Et les promesses des Prophètes continuent à se réaliser en notre temps: «Je mettrai en vous mon esprit: alors vous suivrez mes lois...» (Ez 36, 27).
3. En cette nuit de la Résurrection, tout recommence à partir du «commencement»; la création retrouve sa signification authentique dans le plan du salut. C’est comme un nouveau départ de l’histoire et du cosmos, parce que le Christ est ressuscité, «pour être parmi les morts le premier ressuscité» (1 Co 15, 20). Lui, «le dernier Adam», est devenu «l’être spirituel qui donne la vie» (1 Co 15, 45).
Même le péché de nos premiers parents est chanté, lors de l’Exsultet pascal, comme «felix culpa», «bienheureuse faute de l’homme, qui valut au monde le seul Rédempteur!». Là où le péché a abondé, maintenant la grâce surabonde et «la pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle» (Ps 117, 22) d’un édifice spirituel indestructible.
En cette sainte Nuit, est né un peuple nouveau, avec lequel Dieu lui-même a scellé une alliance éternelle dans le sang du Verbe incarné, crucifié et ressuscité.
4. C’est par le Baptême que l’on devient membre du peuple des rachetés. «Si, par le baptême dans sa mort, nous a rappelé Paul dans l’Épître aux Romains, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, de même que le Christ, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts» (6, 4).
Cette exhortation vous est particulièrement destinée, chers catéchumènes, vous à qui, dans quelques instants, l’Église, notre Mère, communiquera le grand don de la vie divine. Vous qui êtes originaires de divers pays, la divine Providence vous a conduits ici, auprès du tombeau de saint Pierre, pour recevoir les Sacrements de l’initiation chrétienne: le Baptême, la Confirmation et l’Eucharistie. Vous entrez ainsi dans la Maison du Seigneur, vous êtes consacrés par l’huile d’allégresse, et vous pouvez vous nourrir du Pain du ciel.
Soutenus par la puissance de l’Esprit Saint, persévérez dans votre fidélité au Christ et proclamez avec courage son Évangile.
5. Chers Frères et Sœurs ici rassemblés ! Nous aussi, dans quelques instants, nous nous unirons aux catéchumènes pour renouveler les promesses de notre Baptême. De nouveau, nous renoncerons à Satan et à ses œuvres, pour adhérer fermement à Dieu et à son projet de salut. Ainsi, nous exprimerons notre ferme volonté de mener une vie évangélique.
Marie, témoin joyeux de l’événement de la Résurrection, aide-nous tous à mener «une vie nouvelle»; donne à chacun la conscience que, le vieil homme en nous ayant été crucifié avec le Christ, nous devons nous considérer et nous comporter en hommes nouveaux,«vivants pour Dieu, dans le Christ Jésus» (Rm 6, 4. 11).
Amen. Alléluia !
 

VEILLÉE PASCALE
HOMÉLIE DU PAPE JEAN-PAUL II
Samedi saint, 30 mars 2002 
 
1. «Dieu dit: ‘Que la lumière soit’. Et la lumière fut» (Gn 1, 3).
Une explosion de lumière, que la parole de Dieu tira du néant, déchira la première nuit, la nuit de la création.
L’Apôtre Jean écrira: «Dieu est lumière, il n’y a pas de ténèbres en lui» (1 Jn, 1, 5). Dieu n’a pas créé les ténèbres, mais la lumière. Le livre de la Sagesse, révélant clairement que l’œuvre de Dieu obéit depuis toujours à une finalité positive, s’exprime ainsi: «Il a créé toutes choses pour qu’elles subsistent; ce qui naît dans le monde est bienfaisant, et l’on n’y trouve pas le poison qui fait mourir. La puissance de la mort ne règne pas sur la terre» (Sg 1, 14).
C’est dans cette première nuit, la nuit de la création, que le mystère pascal plonge ses racines et, après le drame du péché, il constitue la restauration et le couronnement de ce premier commencement. La parole divine a appelé toutes choses à l’existence et, en Jésus, elle s’est faite chair pour nous sauver. Et si la destinée d’Adam fut de retourner à la terre dont il avait été tiré (cf. Gn 3, 19), le dernier Adam est descendu du ciel pour y remonter vainqueur, prémices de l’humanité nouvelle (cf. Jn 3, 13; 1 Co 15, 47).
2. Une autre nuit constitue l’événement fondamental de l’histoire d’Israël: il s’agit du prodigieux exode d’Egypte, dont nous lisons chaque année le récit dans la solennelle Veillée pascale.
«Le Seigneur chassa la mer toute la nuit par un fort vent d’est, et il mit la mer à sec. Les eaux se fendirent, et les fils d’Israël pénétrèrent dans la mer à pied sec, les eaux formant une muraille à leur droite et à leur gauche» (Ex 14, 21-22). Le peuple de Dieu est né de ce «baptême» dans la Mer Rouge, lorsqu’il fit l’expérience de la main puissante du Seigneur, qui le tirait de l’esclavage pour le conduire à la terre désirée de la liberté, de la justice et de la paix.
C’est la deuxième nuit, la nuit de l’exode.
La prophétie du Livre de l’Exode s’accomplit aussi aujourd’hui pour nous qui sommes des israélites selon l’Esprit, descendance d’Abraham grâce à la foi (cf. Rm 4, 16). Dans sa Pâque, comme nouveau Moïse, le Christ nous a fait passer de l’esclavage du péché à la liberté des fils de Dieu. Morts avec Jésus, avec Lui nous ressuscitons à une vie nouvelle, grâce à la puissance de son Esprit. Son Baptême est devenu le nôtre.
3. Chers Frères et Sœurs catéchumènes, vous aussi, vous allez recevoir ce Baptême, qui engendre en l’homme une vie nouvelle, vous qui venez de différents pays: Albanie, Chine, Japon, Italie, Pologne, République démocratique du Congo. Deux d’entre vous, une mère japonaise et une mère chinoise, ont aussi, chacune avec elle, leur enfant, de sorte que, dans la même célébration, les mères seront baptisées avec leurs enfants.
«Dans cette nuit très sainte» au cours de laquelle le Christ est ressuscité d’entre les morts, s’accomplit pour vous un «exode» spirituel: laissez derrière vous votre vieille existence et entrez dans la «terre des vivants». C’est la troisième nuit, la nuit de la Résurrection.
4. «Ô nuit bienheureuse, toi seule as mérité de connaître le temps et l’heure où le Christ est ressuscité des morts». C’est ce que nous avons chanté dans l’Exsultet pascal, au début de cette Veillée solennelle, mère de toutes les Veillées.
Après la nuit tragique du Vendredi saint, où la «domination des ténèbres» (Lc 22, 53) semblait l’emporter sur Celui qui est «la lumière du monde» (Jn 8, 12), après le grand silence du Samedi saint, où le Christ, ayant accompli son œuvre sur la terre, trouva son repos dans le mystère du Père et porta son message de vie dans les profondeurs de la mort, voici finalement la nuit qui précède «le troisième jour», au cours duquel, selon les Ecritures, le Messie serait ressuscité, comme il l’avait à plusieurs reprises annoncé à ses disciples.
«Ô nuit vraiment glorieuse, nuit où le ciel s’unit la terre, où l’homme rencontre son Créateur !» (Exsultet pascal).
5. C’est la nuit par excellence de la foi et de l’espérance. Tandis que tout est plongé dans l’obscurité, Dieu – la lumière – veille. Avec Lui veillent ceux qui se confient et qui espèrent en Lui.
Ô Marie, c’est là par excellence ta nuit ! Tandis que s’éteignent les dernières lumières du samedi et que le fruit de ton sein repose dans la terre, ton cœur veille aussi. Ta foi et ton espérance regardent en avant. Au-delà de la lourde pierre, ils entrevoient déjà le tombeau vide; au-delà du voile épais des ténèbres, ils perçoivent l’aube de la Résurrection.
Fais, Ô Mère, que nous aussi nous veillions dans le silence de la nuit, croyant et espérant en la parole du Seigneur ! Nous rencontrerons ainsi, dans la plénitude de la lumière et de la vie, le Christ, premier des ressuscités, lui qui règne avec le Père et l’Esprit Saint, dans les siècles des siècles. Alléluia !

HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE
pour la Veillée pascale
Samedi saint, 14 avril 2001

1. "Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n'est pas ici, il est ressuscité" (Lc 24, 5-6).
           Ces paroles de deux hommes "avec un vêtement éblouissant" rallument la confiance dans le cœur des femmes accourues au tombeau, de grand matin. Elles avaient vécu les événements tragiques qui avaient abouti à la crucifixion du Christ au Calvaire; elles avaient fait l'expérience de la tristesse et du désarroi. Cependant, à l'heure de l'épreuve, elles n'avaient pas abandonné leur Seigneur.
           Elles vont en cachette au lieu où Jésus avait été enseveli pour le revoir encore et pour l'embrasser une dernière fois. C'est l'amour qui les pousse; ce même amour qui les avait portées à le suivre sur les routes de Galilée et de Judée, jusqu'au Calvaire.
           Heureuses femmes ! Elles ne savaient pas encore que c'était l'aube du jour le plus important de l'histoire. Elles ne pouvaient pas savoir qu'elles, elles précisément, auraient été les premiers témoins de la résurrection de Jésus.
2.  "Elles trouvèrent la pierre roulée sur le côté du tombeau" (Lc 24, 2).
           Ainsi raconte l'évangéliste Luc, et il ajoute: "Elles entrèrent, mais ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus" (24, 3). D'un seul coup tout change. Jésus "n'est pas ici, il est ressuscité". Cette annonce, qui a changé en joie la tristesse de ces pieuses femmes, résonne dans l'Église avec une puissance permanente au cours de cette Veillée pascale.
           Veillée singulière d'une nuit singulière. Veillée, mère de toutes les veillées, durant laquelle l'Église entière reste en attente auprès de la tombe du Messie, offert en sacrifice sur la Croix. L'Église attend et prie, écoutant à nouveau les Écritures qui parcourent à nouveau toute l'histoire du salut.
           Mais cette nuit, ce ne sont pas les ténèbres qui dominent, mais plutôt l'éclat d'une lumière inattendue, qui fait irruption avec l'annonce bouleversante de la résurrection du Seigneur. L'attente et la prière deviennent alors un chant de joie : "Exultet iam angelica turba caelorum... Qu'exulte le chœur des anges !"
           La perspective de l'histoire se renverse totalement : la mort cède le pas à la vie. Une vie qui ne meurt plus. Dans la Préface nous chanterons tout à l'heure que le Christ "en mourant a détruit notre mort; en ressuscitant, il nous a rendu la vie". Telle est la vérité que nous proclamons par nos paroles, mais surtout par notre existence. Il est vivant Celui que les femmes croyaient mort. Leur expérience devient la nôtre.

           Ô veillée remplie d'espérance, qui exprime en plénitude le sens du mystère ! Ô veillée riche de symboles, qui manifeste le cœur même de notre existence chrétienne ! Cette nuit, tout se résume prodigieusement en un seul nom, le nom du Christ ressuscité.
           Ô Christ, comment ne pas Te rendre grâce pour le don ineffable qu'en cette nuit tu nous prodigues ? Le mystère de ta mort et de ta résurrection se transmet à l'eau baptismale qui accueille l'homme ancien et charnel, et qui le rend pur de la jeunesse divine elle-même.
           Dans ton mystère de mort et de résurrection, nous nous plongerons dans un moment, en renouvelant nos promesses baptismales; en lui, seront plongés spécialement les six catéchumènes qui recevront le Baptême, la Confirmation et l'Eucharistie.

           Chers Frères et Sœurs catéchumènes, je vous salue avec une grande cordialité, et au nom de la Communauté ecclésiale je vous accueille avec une affection fraternelle. Vous venez de divers pays : du Japon, d'Italie, de Chine, d'Albanie, des États Unis d'Amérique et du Pérou.
           Votre présence exprime la multitude des cultures et des peuples qui ont ouvert leur cœur à l'Évangile. Pour vous aussi, comme pour tout baptisé, cette nuit la mort cède le pas à la vie. Le péché est enlevé et une existence toute nouvelle commence. Persévérez jusqu'à la fin dans la fidélité et dans l'amour. Et ne craignez pas devant les épreuves, parce que "ressuscité d'entre les morts, le Christ ne meurt plus; sur lui la mort n'a plus aucun pouvoir" (Rm 6, 9).

           Oui, chers Frères et Sœurs, Jésus est vivant et nous vivons en lui. Pour toujours. Voici le don de cette nuit, qui a définitivement révélé au monde la puissance du Christ, Fils de la Vierge Marie, qui nous a été donnée pour Mère au pied de la Croix.
           Cette veillée nous introduit dans un jour qui ne connaît pas de couchant. Jour de la Pâque du Christ, qui inaugure pour l'humanité un nouveau printemps d'espérance.
           "Haec dies quam fecit Dominus : exultemus et laetemur in ea - C'est le jour que fit le Seigneur : réjouissons-nous et exultons de joie". Alléluia !
 
 
HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE
Veillée pascale
Samedi saint, 22 avril 2000

1. "Je vous donne une garde; allez, organisez la surveillance comme vous l'entendez" (Mt 27, 65).
Le tombeau de Jésus est fermé et scellé. À la demande des grands prêtres et des pharisiens, des soldats furent placés pour le garder, afin que personne ne puisse voler son corps (cf. Mt 27, 62-64). Tel est l'événement qui est le point de départ de la liturgie de la Veillée pascale. Ceux qui avaient voulu la mort de Jésus, le considérant comme un "imposteur" (Mt 27, 63), veillaient à côté du sépulcre. Leur désir était qu'il soit, avec son message, enseveli pour toujours. Non loin de là veillait Marie, et avec elle les Apôtres et quelques femmes. Ils conservaient gravée dans leur cœur l'image bouleversante des événements qui venaient de se dérouler.
2. En cette nuit, l'Église veille dans toutes les parties de la terre et elle revit les étapes fondamentales de l'histoire du salut. La liturgie solennelle que nous célébrons est une expression de cette "veille" qui, d'une certaine façon, rappelle celle de Dieu, dont parle le livre de l'Exode : "Ce fut une nuit de veille pour le Seigneur, quand il fit sortir d'Égypte les fils d'Israël; ce doit être [...], de génération en génération, une nuit de veille en l'honneur du Seigneur" (Ex 12, 42). Dans son amour prévoyant et fidèle, qui surpasse le temps et l'espace, Dieu veille sur le monde. Ainsi chante le psalmiste : "Non, il ne dort pas, ne sommeille pas, le gardien d'Israël / Le Seigneur est ton gardien [...]. Le Seigneur te gardera [...] maintenant et à jamais" (Ps 120 [121], 4-5. 8).
Le passage entre le deuxième et le troisième millénaire, que nous sommes en train de vivre, est conservé lui aussi dans le mystère du Père. Il "est toujours à l'œuvre" (Jn 5, 17) pour le salut du monde et, par son Fils fait homme, il conduit son peuple de l'esclavage à la liberté, de la mort à la vie. Toute l'"œuvre" du grand Jubilé de l'An 2000 est, pour ainsi dire, inscrite dans cette nuit de Veille, qui porte à son achèvement celle de la Nativité du Seigneur. Bethléem et le Calvaire rappellent le même mystère d'amour de Dieu, qui "a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle" (Jn 3, 16).
3. Dans sa veille, en cette Nuit sainte, l'Église se penche sur les textes de l'Écriture qui retracent le projet divin de la Genèse à l'Évangile et qui, grâce aussi aux rites liturgiques du feu et de l'eau, confèrent à cette célébration singulière une dimension cosmique. Tout l'univers créé est appelé à veiller, en cette nuit, auprès du sépulcre du Christ. L'histoire du salut défile devant nos yeux, de la création à la Rédemption, de l'exode à l'Alliance sur le Sinaï, de l'ancienne à la nouvelle et éternelle Alliance. En cette Nuit sainte, le projet éternel de Dieu, qui investit l'histoire de l'homme et du cosmos, atteint son achèvement.
4. Dans la Veillée pascale, mère de toutes les veillées, tout homme peut reconnaître sa propre histoire de salut, qui a son fondement dans la renaissance dans le Christ par le Baptême. Telle est, de façon particulière, votre expérience, chers frères et sœurs qui allez recevoir les sacrements de l'initiation chrétienne : le Baptême, la Confirmation et l'Eucharistie. Vous venez de plusieurs pays du monde : le Japon, la Chine, le Cameroun, l'Albanie et l'Italie. La diversité de vos pays d'origine met en évidence l'universalité du salut apporté par le Christ. D'ici peu, chers amis, vous serez intimement introduits dans le mystère d'amour de Dieu, Père, Fils et Esprit Saint. Puisse votre existence devenir un chant de louange à la très Sainte Trinité et un témoignage d'amour qui ne connaît pas de frontières !
5. "Ecce lignum Crucis, in quo salus mundi pependit : venite adoremus !" C'est ce que l'Église a chanté hier en montrant le bois de la Croix "auquel a été suspendu le Christ Sauveur du monde".
"Il a été crucifié, est mort, a été enseveli", récitons-nous dans le Credo. Le sépulcre ! Voici l'endroit où on l'avait déposé (cf. Mc 16, 6). Spirituellement, la Communauté ecclésiale des différentes parties de la terre est là présente. Nous y sommes nous aussi avec les trois femmes qui se rendent au sépulcre avant l'aube, pour embaumer le corps sans vie de Jésus (cf. Mc 16, 1-2). Leur empressement est notre empressement. Avec elles nous découvrons que la grosse pierre tombale a été roulée et que le corps n'est plus là. "Il n'est pas ici", annonce l'ange, en montrant le sépulcre vide et les bandelettes funéraires par terre. La mort n'a plus aucun pouvoir sur Lui (cf. Rm 6, 9). Le Christ est ressuscité ! C'est ce qu'au terme de cette nuit de Pâques, l'Église annonce, elle qui hier avait proclamé la mort du Christ sur la Croix. C'est une annonce de vérité et de vie. 
"Surrexit Dominus de sepulchro, qui pro nobis pependit in ligno. Alleluia !". 
Le Seigneur, qui pour nous fut suspendu à la croix, s'est levé du tombeau. 
Oui, le Christ est vraiment ressuscité et nous en sommes témoins! 
Nous le crions au monde, pour que la joie qui est la nôtre atteigne beaucoup d'autres cœurs, allumant en eux la lumière de l'espérance qui ne déçoit pas.
Le Christ est ressuscité, alleluia !

HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE JEAN-PAUL II
POUR LA VEILLÉE PASCALE
Samedi saint, 3 avril 1999
   
1. «La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d'angle» (Ps 117[118], 22).
Cette nuit, la liturgie nous parle avec l'abondance et la richesse de la Parole de Dieu. Cette Veillée constitue non seulement le centre de l'année liturgique, mais en quelque sorte sa matrice: à partir d'elle, en effet, se développe toute la vie sacramentelle. On pourrait dire que la table autour de laquelle l'Eglise rassemble en cette nuit ses enfants est largement fournie; elle rassemble, d'une façon particulière, ceux qui doivent recevoir le baptême.
Ma pensée se tourne d'abord vers vous, très chers catéchumènes, qui allez renaître de l'eau et de l'Esprit Saint (cf. Jn 3, 5). Avec une grande joie je vous salue, et je salue en même temps les pays d'où vous provenez: Albanie, Cap-Vert, Chine, France, Maroc et Hongrie.
Par le baptême, vous deviendrez membres du Corps du Christ, participants à plein titre de son mystère de communion. Puisse votre vie demeurer constamment immergée dans ce mystère pascal, afin que vous soyez toujours d'authentiques témoins de l'amour de Dieu.
2. Tous les baptisés, et non seulement vous, chers catéchumènes, sont appelés en cette nuit à faire dans la foi une profonde expérience de ce que nous venons d'entendre dans l'Epître: «Nous tous, qui avons été baptisés en Jésus Christ, c'est dans sa mort que nous avons été baptisés. Si... nous avons été mis au tombeau avec lui, c'est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, de même que le Christ, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d'entre les morts» (Rm 6, 3-4).
Etre chrétien signifie participer personnellement à la mort et à la résurrec- tion du Christ. Cette participation est réalisée de manière sacramentelle par le baptême, à partir duquel, comme sur un fondement solide, se construit l'existence chrétienne de chacun de nous. Et c'est pour cela que le psaume responsorial nous a exhortés à rendre grâce: «Rendez grâce au Seigneur: Il est bon! Eternel est son amour!... Le bras du Seigneur est fort ... Non, je ne mourrai pas, je vivrai pour annoncer les actions du Seigneur» (Ps 117[118], 1-2.16-17). En cette sainte nuit, l'Eglise reprend ces paroles de remerciement, tandis qu'elle confesse la vérité sur le Christ qui «est mort, a été enseveli et est ressuscité le troisième jour» (cf. Credo).
3. «Ce doit être pour eux, de génération en génération, une nuit de veille en l'honneur du Seigneur» (Ex 12, 42).
Ces paroles du livre de l'Exode concluent le récit du départ des Hébreux d'Egypte. Elles retentissent avec une singulière éloquence durant la Veillée pascale, et dans ce contexte elles acquièrent la plénitude de leur signification. En cette année consacrée à Dieu le Père, comment ne pas penser que cette nuit, la nuit de Pâques, est la grande «nuit de veille» du Père? Les dimensions de cette «veille» de Dieu comprennent tout le Triduum pascal. D'une façon particulière, cependant, le Père «veille» durant le Samedi saint tandis que son Fils gît mort dans le tombeau. Le mystère de la victoire du Christ sur le péché du monde est gardé justement dans le fait que le Père veille. Il «veille» sur toute la mission terrestre de son Fils. Sa compassion infinie atteint son sommet à l'heure de la passion et de la mort: l'heure pendant laquelle son Fils est abandonné, pour que ses enfants soient sauvés; son Fils est méprisé et rejeté pour que ses enfants soient retrouvés; son Fils meurt, pour que ses enfants puissent revenir à la vie.
La veille du Père explique la résurrection du Fils: même à l'heure de la mort, la relation d'amour en Dieu ne disparaît pas, l'Esprit Saint ne disparaît pas, Lui qui, répandu par Jésus mourant sur la croix, remplit de lumière les ténèbres du mal et ressuscite le Christ, le constituant Fils de Dieu en puissance et en gloire (cf. Rm 1, 4).
4. «La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d'angle» (Ps 117[118], 22). Dans la lumière de la résurrection du Christ, combien apparaît en plénitude cette vérité que chante le psalmiste! Condamné à une mort ignominieuse, le Fils de l'homme, crucifié et ressuscité, est devenu la pierre d'angle pour la vie de l'Eglise et de chaque chrétien.
«C'est là l'œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux» (Ps 117[118], 23). Cela est advenu en cette nuit sainte. Les femmes ont pu le constater, elles qui «le premier jour de la semaine... alors qu'il faisait encore sombre» (Jn 20, 1), se rendirent au tombeau pour oindre le corps du Seigneur et trouvèrent le tombeau vide. Elles entendirent la voix de l'ange: «Soyez sans crainte! Vous cherchez Jésus le crucifié. Il n'est pas ici. Il est ressuscité» (cf. Mt 28, 1-5).
Ainsi s'accomplirent les paroles prophétiques du psalmiste: «La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d'angle». Telle est notre foi. Telle est la foi de l'Eglise, et nous nous glorifions de la professer au seuil du troisième millénaire, parce que la Pâque du Christ est l'espérance du monde, hier, aujourd'hui et dans les siècles. Amen!
  
JEAN-PAUL II
HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE POUR LA VEILLÉE PASCALE
(11 avril 1998)
   
1. «Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance» (Gn 1, 26). «Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme» (Gn 1, 27).
En cette Veillée pascale, la liturgie proclame le premier chapitre du Livre de la Genèse, qui évoque le mystère de la création et, en particulier, de la création de l'homme. Une fois encore notre attention se concentre sur le mystère de l'homme, qui se manifeste pleinement dans le Christ et par le Christ.
«Fiat lux», «faciamus hominem» [Que la lumière soit - Faisons l'homme] : ces paroles de la Genèse trouvent toute leur vérité, quand elles sont passées au creuset de la Pâque du Verbe (cf. Ps. 11 [12], 7). Pendant le calme du Samedi saint, dans le silence de la Parole, elles arrivent à la plénitude de leur signification : cette «lumière» est une lumière nouvelle, qui ne connaît pas de déclin; cet «homme» est «l'homme nouveau, créé saint et juste dans la vérité, à l'image de Dieu» (Ep 4, 24).
La nouvelle création se réalise dans la Pâque. Dans le mystère de la mort et de la résurrection du Christ tout est sauvé, et tout redevient parfaitement bon, selon le dessein originel de Dieu.
Avant tout, l'homme, fils prodigue qui a dilapidé dans le péché le bien précieux de sa liberté, recouvre sa dignité perdue. «Faciamus hominem ad imaginem et similitudinem nostram» [Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance]. Comme ces paroles résonnent vraies et profondes dans la nuit de Pâques ! Et quelle ineffable actualité elles revêtent pour l'homme de notre temps, si conscient de sa capacité à dominer l'univers, mais souvent si désorienté par rapport au sens authentique de son existence, dans laquelle il ne sait plus reconnaître les traces du Créateur !
2. À ce propos, me viennent à l'esprit quelques passages de la Constitution Gaudium et spes du Concile Vatican II, qui s'harmonisent bien avec l'admirable symphonie des lectures de la Veillée pascale. En effet, à le considérer attentivement, ce document conciliaire révèle un caractère profondément pascal, aussi bien dans son contenu que dans son inspiration originelle. Nous y lisons : «En réalité, le mystère de l'homme ne s'éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné. En effet, Adam, le premier homme, était la figure de l'homme à venir (cf. Rm 5, 14), c'est-à-dire, du Christ Seigneur. Le Christ...est "l'Image du Dieu invisible" (Col 1, 15). Il est l'homme parfait qui a restauré pour les fils d'Adam la ressemblance divine, déformée depuis le premier péché... Par son incarnation, le Fils de Dieu lui-même s'est en quelque sorte uni à tout homme... En souffrant pour nous, il ne nous a pas simplement donné l'exemple, afin que nous suivions ses traces, mais il a ouvert une voie nouvelle : si nous la suivons, la vie et la mort sont sanctifiées et acquièrent un sens nouveau. Devenu conforme à l'image du Fils qui est le Premier-né d'une multitude de frères, le chrétien reçoit les "prémices de l'Esprit" (Rm 8, 23)... Par cet esprit, qui est le "gage de l'héritage" (Ep 1, 14), tout l'homme est intérieurement renouvelé jusqu'à la "rédemption du corps" (Rm 8, 23) : "Si l'Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité Jésus Christ d'entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par l'Esprit qui habite en vous" (Rm 8, 11). Le chrétien... associé au mystère pascal, devenant conforme au Christ dans la mort, fortifié par l'espérance, va au-devant de la résurrection» (n. 22).
3. Ces paroles du récent Concile nous proposent de nouveau le mystère de la vocation de tout baptisé. Elles vous le proposent de façon particulière à vous, chers catéchumènes, qui, selon l'antique tradition de l'Église, allez recevoir le Baptême au cours de cette Veillée sainte. Nous vous saluons avec affection et nous vous remercions de votre témoignage.
Vous venez de différentes nations du monde : Canada, Chine, Colombie, Inde, Italie, Pologne, Afrique du Sud.
Chers amis, le Baptême constitue, en un sens tout à fait spécial, votre Pâque, le sacrement de votre rédemption, de votre nouvelle naissance dans le Christ par la foi et par l'œuvre de l'Esprit Saint, grâce à laquelle vous pourrez appeler Dieu du nom de «Père», et vous serez fils dans le Fils.
Nous souhaitons que la vie nouvelle, qui va vous être donnée au cours de cette nuit très sainte, se développe en vous jusqu'à sa plénitude, produisant des fruits abondants d'amour, de joie et de paix, des fruits de vie éternelle.
4. «O vere beata nox !» [Ô nuit de vrai bonheur !], chante l'Église dans la Louange pascale, se souvenant des grandes œuvres de Dieu accomplies dans l'Ancienne Alliance, durant l'exode des Israélites sortis d'Egypte. C'est l'annonce prophétique de l'exode du genre humain de l'esclavage de la mort à la vie nouvelle par la Pâque du Christ.
O vere beata nox ! [Ô nuit de vrai bonheur !], voulons-nous répéter avec l'hymne pascale, en contemplant le mystère universel de l'homme à la lumière de la résurrection du Christ. Au commencement Dieu l'a créé à son image et à sa ressemblance. Par l'œuvre du Christ crucifié et ressuscité, cette ressemblance avec Dieu, ternie par le péché, a été restaurée et portée à son sommet. Et nous pouvons dire à la suite d'un auteur ancien : Homme, regarde-toi ! Reconnais ta dignité et ta vocation ! Le Christ, vainqueur de la mort en cette nuit très sainte, ouvre devant toi les portes de la vie et de l'immortalité.
Faisant écho à la proclamation du diacre dans le chant de l'annonce pascale, je redis avec joie : Annuntio vobis gaudium magnum : surrexit Dominus vere ! Surrexit hodie ! [Je vous annonce une grande joie : le Seigneur est vraiment ressuscité ! Aujourd'hui il est ressuscité !]
Amen !
  
CONCÉLÉBRATION EUCHARISTIQUE DE LA VEILLÉE PASCALE
HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE JEAN-PAUL II
Basilique Saint-Pierre
Samedi Saint, 29 mars 1997

1. « Que la lumière soit! » (Gn 1,3).
Au cours de la Vigile pascale, la liturgie fait retentir ces paroles tirées du livre de la Genèse. Elles constituent un puissant fil conducteur de cette admirable célébration. Au début, on bénit le « feu nouveau » et on y allume le cierge pascal, qui est porté en procession jusqu'à l'autel. Le cierge entre et s'avance d'abord dans l'obscurité, jusqu'au moment où, après le chant du troisième Lumen Christi, la lumière revient dans la Basilique tout entière.
C'est ainsi qu'ont été liés les éléments des ténèbres et de la lumière, de la mort et de la vie. Sur ce fond retentit le récit biblique de la création. Dieu dit: « Que la lumière soit! » (Gn 1,3). Il s'agit, en un sens, du premier pas vers la vie. En cette nuit doit s'accomplir un passage unique de la mort à la vie, et le rite de la lumière, accompagné par les paroles de la Genèse, en donne la première annonce.
2. Dans le prologue de son Évangile, saint Jean écrit, à propos du Verbe qui s'est fait chair: « En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes » (Jn 1,4). Cette sainte nuit devient donc une extraordinaire manifestation de la vie qui est la lumière des hommes. Toute l'Église participe à cette manifestation, spécialement les catéchumènes qui reçoivent le baptême au cours de cette Vigile.
La Basilique Saint-Pierre vous reçoit pour cette célébration solennelle, chers Frères et Sœurs, qui allez être baptisés dans le Christ notre Pâque. Deux d'entre vous viennent d'Albanie et deux du Zaïre, des pays qui vivent des heures dramatiques de leur histoire: que le Seigneur veuille écouter le cri des pauvres et les guider sur le chemin de la paix et de la liberté! D'autres parmi vous viennent du Bénin, du Cap-Vert, de Chine, de Taiwan. Je prie pour chacun d'entre vous qui, en cette assemblée, représentez les prémices de la nouvelle humanité rachetée par le Christ, pour que vous soyez toujours de fidèles témoins de son Évangile.
Les lectures liturgiques de la Veillée pascale unissent les deux éléments du feu et de l'eau. L'élément du feu, qui donne la lumière, et l'élément de l'eau, qui devient la matière du sacrement de la renaissance, c'est-à-dire du saint Baptême. « Personne, à moins de naître de l'eau et de l'Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu » (Jn 3,5). Le passage des Israélites à travers la Mer Rouge, c'est-à-dire la libération de l'esclavage d'Égypte, est une figure et pour ainsi dire une anticipation du baptême qui libère de l'esclavage du péché.
3. Les nombreux motifs qui, dans la liturgie de la Vigile de Pâques, sont présents dans les lectures bibliques, convergent et s'entrelacent pour former une sorte d'image unique. C'est l'Apôtre Paul qui présente cette vérité de la manière la plus complète dans la lettre aux Romains, qui vient d'être proclamée: « Ne le savez-vous donc pas? Nous tous qui avons été baptisés en Jésus Christ, c'est dans sa mort que nous avons été baptisés. Si, par le baptême dans sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c'est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, de même que le Christ, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d'entre les morts » (Rm 6,3-4).
Ces paroles nous conduisent au centre même de la vérité du christianisme. La mort du Christ, la mort rédemptrice, est le début du passage à la vie, qui s'est manifesté par sa résurrection. « Si nous sommes passés par la mort avec le Christ, poursuit saint Paul, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. Nous le savons en effet: ressuscité d'entre les morts, le Christ ne meurt plus; sur lui, la mort n'a plus aucun pouvoir » (Rm 6,8-9).
4. Tenant à la main le flambeau de la Parole de Dieu, l'Église qui célèbre la Veillée pascale s'arrête comme sur un dernier seuil. Elle s'arrête pour une longue attente, au cours de cette nuit tout entière. Près du tombeau, nous attendons l'événement qui s'est produit voici deux mille ans. Les premiers témoins de cet événement extraordinaire furent les femmes de Jérusalem: elles arrivèrent au lieu où Jésus avait été enseveli le Vendredi Saint et elles trouvèrent le tombeau vide. Une voix les surprit: « Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié! Il est ressuscité, il n'est pas ici. Voici l'endroit où on l'avait déposé. Et maintenant allez dire à ses disciples et à Pierre: 'Il vous précède en Galilée'. Là vous le verrez, comme il vous l'a dit » (Mc 16,6-7).
Personne n'a vu de ses yeux la résurrection du Christ. Les femmes, venues au tombeau, furent les premières à constater que l'événement s'était déjà produit.
L'Église, réunie pour la Vigile pascale, écoute à nouveau ce témoignage, dans une attente silencieuse, et elle manifeste ensuite sa grande joie. Nous l'avons entendu annoncer il y a peu par la bouche du diacre: « Annuntio vobis gaudium magnum... », « Je vous annonce une grande joie, Alléluia! ».
Recevons cette annonce avec un cœur ouvert, participons ensemble à la grande joie de l'Église.
Le Christ est vraiment ressuscité! Alléluia!

VEGLIA PASQUALE NELLA NOTTE SANTA
OMELIA DI GIOVANNI PAOLO II
Basilica Vaticana - Sabato Santo, 6 aprile 1996
pas de traduction française
1. Lumen Christi!
"La luce splende nelle tenebre, ma le tenebre non l’hanno accolta" ( Gv 1, 5 ).
Così si esprime il Prologo del Vangelo di Giovanni, sintetizzando efficacemente il dramma del rifiuto di Cristo al momento del suo ingresso nel mondo. Ma in questa notte, la notte di Pasqua - secondo le Scritture e al di là di ogni umana attesa - si verifica il contrario: la luce vince le tenebre.
Ecco il primo gesto simbolico della solenne Veglia pasquale: il diacono porta il cero, simbolo di Cristo luce del mondo, all’interno della basilica immersa nel buio. Dal "fuoco nuovo" di questo cero vengono accese le fiammelle di alcune candele, e da queste, a poco a poco, le candele di tutti i fedeli, finché il tempio si trova ricolmo di luce.
Il diacono, allora, canta il Preconio pasquale, che è l’inno a Cristo-Luce. Nella notte viene innalzata la lode al Redentore, che dalle tenebre ci ha condotti alla mirabile luce di Dio (cf. 1 Pt 2, 9 ).
2.
"O felix culpa, quae talem ac tantum meruit habere Redemptorem! Felice colpa, che meritò di avere un così grande Redentore!" (Preconio pasquale).
Tanto grandi sono la gioia e la meraviglia per la salvezza ricevuta in dono, che la colpa stessa appare degna di essere benedetta!
Che cosa sono, infatti, le tenebre se non il simbolo del peccato e della morte?
E che cos’è la luce se non il simbolo della vita che vince la morte?
La notte di Pasqua, "notte beata" (beata nox) è testimone di questa vittoria.
"Andarono le tre Marie,
portando unguenti preziosi
per ungere il corpo di Cristo,
e rendergli la lode e la gloria.
Camminando dicevan fra loro:
C’è lì una pietra sì grande,
chi ce la toglierà?" (da un antico canto pasquale polacco).
Le donne, giunte al sepolcro per prime, videro rotolata la pietra tombale. Ed a loro apparve un angelo: "Non abbiate paura, voi! - disse loro - So che cercate Gesù il crocifisso. Non è qui. È risorto" ( Mt 28, 5-6 ).
A Pasqua i simboli cedono il passo alla realtà: "La luce splende nelle tenebre, ma le tenebre non l’hanno accolta" ( Gv 1, 5 ): la Vita è stata uccisa, inchiodata ad una croce. Ma "in lui era la vita e la vita era la luce degli uomini" ( Gv 1, 4 ). Ed ora nel Cristo risorto la luce finalmente risplende. Lumen Christi. Era necessario che si facesse "buio su tutta la terra" ( Mt 27, 45 ), perché la Luce brillasse in tutto il suo fulgore. La Vita doveva morire, perché potesse vivificare tutte le cose.
3.
Nella Veglia pasquale, la Chiesa si rivolge ai catecumeni, che si apprestano a ricevere il Battesimo, con le parole dell’apostolo Paolo:
"Quanti siamo stati battezzati in Cristo Gesù, siamo stati battezzati nella sua morte. Per mezzo del battesimo siamo dunque stati sepolti insieme a lui nella morte, perché come Cristo fu risuscitato dai morti per mezzo della gloria del Padre, così anche noi possiamo camminare in una vita nuova... Se siamo morti con Cristo, crediamo che anche vivremo con lui... Consideratevi morti al peccato, ma viventi per Dio, in Cristo Gesù" (cf. Rm 6, 3-4 . 8 . 11 ).
Queste parole risuonano in modo singolare per voi, carissimi Fratelli e Sorelle, che tra poco sarete battezzati e segnati col sacro Crisma. Per la prima volta vi accosterete alla Mensa eucaristica. A voi giunga con speciale affetto il mio saluto!
Accogliendovi, intendo salutare le Chiese e i Paesi da cui provenite: la Corea del Sud, la Francia, il Giappone, l’Italia, la Repubblica Popolare di Cina, gli Stati Uniti d’America e il Vietnam.
La luce di Cristo è per tutti i popoli, e voi, in questa Celebrazione, costituite in qualche modo la risposta delle Nazioni del mondo intero alla nuova evangelizzazione.
Nel fatto che sette di voi, su dieci, provengono dall’Asia, possiamo leggere un segno del grande desiderio di Cristo e della Chiesa di incontrare le popolazioni e le culture di quell’immenso continente, ricco di storia e di nobili tradizioni.
Nessuno abbia timore della luce di Cristo! Il suo Vangelo è luce che non mortifica, ma sviluppa e realizza pienamente quanto di vero, di buono, di bello è presente in ogni umana cultura. Il Vangelo di Cristo è per l’uomo, per la vita, la pace, la libertà di ogni uomo e di tutto l’uomo. Di questo, carissimi catecumeni, siate voi stessi testimoni, animati dallo Spirito Santo che tra poco sarà effuso con abbondanza nei vostri cuori.
4.
Battesimo significa "immersione". Essere battezzati significa essere "immersi" nel mistero dell’amore di Dio, sgorgato dal cuore trafitto del Crocifisso.
La grande Veglia pasquale è, nell’anno liturgico, il momento battesimale per eccellenza. In essa il simbolo della luce si unisce a quello dell’acqua e ricorda che tutti noi siamo rinati dall’acqua e dallo Spirito Santo, per partecipare alla vita nuova, rivelata mediante la risurrezione di Cristo.
"In lui è la vita, e la vita è la luce degli uomini" (cf. Gv 1, 4 ).
O vere beata nox!
Notte veramente beata,
che porti agli uomini la luce di Cristo!
Notte che splendi senza confini,
illumina di speranza e di pace
ogni angolo della terra!
Amen.

CELEBRAZIONE DELLA VEGLIA PASQUALE NELLA BASILICA VATICANA
OMELIA DI GIOVANNI PAOLO II
Sabato Santo, 15 aprile 1995

1. L’evangelista Giovanni racconta che un fariseo di nome Nicodemo, capo dei Giudei, andò da Gesù di notte, e in quell’occasione il Maestro gli disse: “Se uno non rinasce dall’alto, non può vedere il regno di Dio”. Nicodemo replicò: “Come può un uomo rinascere quando è vecchio? Può forse entrare una seconda volta nel grembo di sua madre e rinascere?”. Gli rispose Gesù: “In verità, in verità ti dico, se uno non nasce da acqua e da Spirito non può entrare nel regno di Dio. Quel che è nato dalla carne è carne e quel che è nato dallo Spirito è Spirito. Non ti meravigliare se t’ho detto: dovete rinascere dall’alto” (cf. Gv 3, 3-7).
2. Carissimi Fratelli e Sorelle, in questa notte della grande Veglia riviviamo in modo particolare la “seconda nascita dall’acqua e dallo Spirito Santo”: la rinascita mediante il Battesimo, che, come ci ha ricordato San Paolo, avviene “in Cristo Gesù... nella sua morte” (Rm 6, 3). “Se infatti siamo stati completamente uniti a lui con una morte simile alla sua, lo saremo anche con la sua risurrezione” (Rm 6, 5).
In queste ore il popolo di Dio, sparso nel mondo intero, si raduna per vegliare. E mentre veglia col suo Signore, nelle tenebre avanza la luce, si avvicina il momento in cui Cristo, deposto nella tomba a poca distanza dal luogo della crocifissione, risorgerà dai morti e manifesterà la potenza della Vita che è in Lui. “Non conosce la morte il Signore della vita, anche se ha attraversato le sue porte” (Canto polacco del tempo pasquale).
È proprio nella memoria e nell’attesa del suo passaggio dalla morte alla vita che la Chiesa intera si raccoglie spiritualmente presso il sepolcro di Gesù. E durante la Veglia Pasquale, che è il centro dell’intero anno liturgico e della vita della Chiesa, quasi a colmare l’attesa della risurrezione, per antichissima tradizione viene conferito ai catecumeni il sacramento del Battesimo. Essi sono preparati a questo momento per lungo tempo, in modo particolare hanno intensificato la loro preparazione durante la Quaresima, ed ora “rinascono da acqua e da Spirito Santo” ad una nuova vita in Cristo. La Veglia pasquale concentra così la sua attenzione sul mistero del Battesimo.
3. Vi saluto, carissimi Fedeli romani e di ogni Continente, che formate questa nostra assemblea riunita nella Basilica di San Pietro intorno al Vescovo di Roma!
Insieme a voi accolgo e saluto con grande gioia ed affetto voi, Fratelli e Sorelle, che tra poco riceverete i sacramenti del Battesimo, della Cresima e dell’Eucaristia. Anche voi avete ascoltato le parole rivolte dal Signore Gesù a Nicodemo. Anche voi avete creduto ad esse. Ed ecco, desiderate “rinascere da acqua e da Spirito Santo”.
Saluto attraverso di voi le Comunità cristiane ed i Paesi dai quali provenite: l’Albania, la Corea del Sud, l’Indonesia, la Repubblica popolare di Cina e gli Stati Uniti d’America.
San Paolo interpreta l’immersione nell’acqua del Battesimo come partecipazione alla morte di Gesù (cf. Rm 6, 3). Il morire spiritualmente con Cristo è il passaggio indispensabile per poter partecipare alla sua risurrezione. Scrive infatti l’Apostolo: “Se siamo morti con Cristo, crediamo che anche vivremo con lui, sapendo che Cristo risuscitato dai morti non muore più; la morte non ha più potere su di lui... Così anche voi consideratevi morti al peccato, ma viventi per Dio, in Cristo Gesù” (Rm 6, 8-9. 11).
Somiglia alla risurrezione di Cristo il sacramento del Battesimo, perché introduce nella vita che non muore. Mentre l’esistenza umana, che ognuno di noi ha ricevuto dai suoi genitori terreni, termina con la morte del corpo, la vita ricevuta da Dio in Gesù Cristo non ha termine. La vita di Dio non conosce la morte! In Dio è la pienezza della vita. Quanti sono battezzati “nell’acqua e nello Spirito” diventano partecipi di quella Vita che Gesù manifestò nella sua risurrezione.
4. All’inizio della Veglia pasquale, il tempio era immerso nel buio e nessuna luce dissipava le tenebre della notte. È poi entrata la luce, quando il Diacono ha introdotto solennemente il Cero, acceso dal fuoco pasquale benedetto all’esterno, ed ha cantato per tre volte: “Lumen Christi!”. In tal modo le tenebre hanno cominciato a poco a poco a diradarsi, cedendo il posto alla luce. Sempre nuovi ceri sono stati accesi da quella prima fiamma e sempre più si è rischiarata la Basilica. La luce di Cristo vince le tenebre.
Che cos’è questa luce?
Risponde San Giovanni nel Prologo del suo Vangelo: è la Vita che Cristo ha in sé. “In lui era la vita e la vita era la luce degli uomini” (Gv 1, 4).
La verità di Cristo, vita e luce degli uomini, durante questa Veglia è entrata nuovamente nella notte, figura delle tenebre che riempirono il mondo dopo la morte di Gesù e ne avvolsero il sepolcro. Ma la luce di Cristo sta per riversarsi nuovamente sul mondo. Quando, all’alba del giorno dopo il sabato, le donne andarono alla tomba per ungere il corpo del Signore, la trovarono vuota, e udirono dalle labbra dell’angelo: “So che cercate Gesù il crocifisso. Non è qui. È risorto” (Mt 28, 5-6).
Questo annuncio risuona di nuovo in quest’alba di Pasqua: “Annuntio vobis gaudium magnum!”. Vi annunzio l’Alleluia pasquale: Cristo è risorto! Per ogni cuore umano assetato di luce e di salvezza, è risorta con lui la speranza.



VEILLÉE PASCALE
HOMÉLIE DU PAPE JEAN-PAUL II
Basilique Vaticane
Samedi saint, 14 avril 1979

1. La parole "mort" se prononce avec un nœud dans la gorge. Bien que durant d'innombrables générations, l'humanité se soit en quelque sorte accoutumée à la réalité de la mort, à son caractère inéluctable, elle n'en est pas moins chaque fois, quelque chose de bouleversant. La mort du Christ était entrée profondément dans le cœur de ses voisins les plus proches et dans les consciences de tout Jérusalem. Le silence qui s'abattit ensuite sur la ville régna durant toute la soirée du vendredi et toute la journée du samedi. Ce jour-là, conformément aux prescriptions juives, nul ne s'était rendu aux lieux de la sépulture. Les trois femmes dont nous parle l'Evangile d'aujourd'hui se souviennent bien de la lourde pierre qui obturait l'entrée du sépulcre. Cette pierre, à laquelle elles pensaient, et dont elles auraient parlé le lendemain, symbolisait également le poids qui avait broyé leur cœur. La pierre qui avait séparé le Mort des vivants, la pierre limite de la vie, le poids de la mort. Les femmes qui, après le jour du sabbat, allèrent visiter le sépulcre alors que le premier jour de la semaine commençait à poindre, ne parlèrent pas de la mort, mais de la pierre. Arrivées sur place, elles constatèrent que la pierre ne barrait plus l'entrée du sépulcre. Elle avait été déplacée. Elles n'ont pas trouvé Jésus dans le sépulcre. Elles l'ont cherché en vain ! "Il n'est pas ici, car il est ressuscité comme il l'avait dit" (Mt 28, 6). Elles doivent retourner en ville et annoncer aux disciples que Jésus est ressuscité et qu'ils le trouveront en Galilée. Les femmes sont incapables de prononcer le moindre mot. La nouvelle de la mort s'annonce d'une voix sourde. Mais chez elles, les paroles de la résurrection étaient elles-mêmes difficiles à capter. Difficiles à répéter, tant il est vrai que la réalité de la mort a influencé la pensée et le cœur de l'homme.
2. Cette nuit-là, et plus encore la matinée qui l'a suivie, a appris aux disciples de Jésus à prononcer le mot de résurrection. Dans leur langage il est devenu le mot le plus important, le terme central, la parole fondamentale. Tout prend, depuis, origine de ce mot. Tout se trouve confirmé et se construit à nouveau : "La pierre qu'avaient rejetée les bâtisseurs est devenue tête d'angle, c'est par le Seigneur que cela s'est fait, c'est merveille à nos yeux ! Voici le jour que le Seigneur a fait, exultons et réjouissons-nous en lui !" (Ps 117-118, 22-24).
C'est précisément pour cela que la vigile pascale — le jour qui suit le Vendredi saint — n'est plus seulement le jour où l'on murmure d'une voix sourde le mot "mort", celui où l'on se rappelle les derniers moments de la vie du Mort : il est le jour d'une grande attente. Il est la vigile pascale : le jour et la nuit de l'attente du "Jour que le Seigneur a fait".
Le contenu liturgique de la vigile est exprimé par les différentes heures du bréviaire, pour concentrer ensuite toute sa richesse dans la liturgie de la nuit qui, après la période du Carême, atteint son sommet dans le premier Alléluia !
Alléluia ! le cri qui exprime la joie pascale.
L'exclamation qui résonne encore au milieu de la nuit et apporte déjà la joie du matin. Qui apporte la certitude de la résurrection. Ce qu'à un premier moment les lèvres des femmes ou la bouche des apôtres n'ont pas eu le courage de prononcer devant le sépulcre, maintenant, grâce à leur témoignage, l'Eglise l'exprime dans son Alléluia !
Ce chant de joie, chanté vers minuit, nous annoncé le Grand Jour. "Dans quelques langues slaves, Pâques s'appelle la "Grande Nuit" ; après la Grande Nuit arrive le Grand Jour : "le Jour que le Seigneur a fait".
3. Et nous voilà prêts à aller à la rencontre de ce Grand Jour, le feu pascal allumé ; à ce feu nous avons allumé le cierge — lumière du Christ — et dans le chant de l'Exultet nous avons proclamé, près de ce cierge, la gloire de la Résurrection.
Puis par une suite de lectures, nous sommes entrés dans le processus de la grande annonce de la création du monde, de l'homme, du Peuple de Dieu; nous sommes entrés dans le temps où toute la création se prépare à ce Grand Jour, au jour de la victoire du bien sur le mal, de la vie sur la mort. On ne saurait saisir le mystère de la Résurrection sinon en retournant aux origines et en suivant ensuite tout le développement de l'histoire de l'économie du salut jusqu'à ce moment. Jusqu'au moment où, s'arrêtant sur le seuil du tombeau vide, les trois femmes ont entendu le message d'un jeune homme vêtu d'une robe blanche : "Ne vous effrayez pas. C'est Jésus de Nazareth que vous cherchez, le Crucifié : il est ressuscité, il n'est pas ici" (Mc 16, 5-6).
4. Ce grand Moment ne nous permet pas de rester hors de nous-mêmes ; il nous force à entrer dans notre propre humanité. Le Christ ne nous a pas seulement révélé la victoire de la vie sur la mort : avec sa Résurrection il nous a également apporté la Nouvelle Vie. Cette vie nouvelle, il nous l'a donnée.
Voici comment s'exprime saint Paul : "Ou bien ignorez-vous que, baptisés dans le Christ Jésus, c'est dans sa mort que nous avons tous été baptisés ? Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême dans la mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous vivions nous aussi une vie nouvelle" (Rm 6, 3-4).
Les paroles : "C'est dans sa mort que nous avons été baptisés" disent beaucoup. La mort est l'eau dans laquelle se reconquiert la Vie : l'eau qui "jaillit pour la vie éternelle" (Jn 4, 14). Il est nécessaire de "se plonger" dans cette eau ; dans cette Mort, pour émerger ensuite comme Homme Nouveau, comme créature nouvelle, comme être nouveau, c'est-à-dire vivifié par la puissance de la Résurrection du Christ !
Ceci est le mystère de l'Eau que nous bénissons cette nuit, que nous faisons pénétrer de la "lumière du Christ", que nous faisons imprégner de la Vie Nouvelle ; elle est le symbole de la puissance de la Résurrection !
Dans le sacrement du Baptême, cette eau devient le signe de la victoire sur Satan, sur le péché ; le signe de la victoire que le Christ a remportée au moyen de la Croix, au moyen de la mort et qu'il remporte ensuite sur chacun de nous : "notre vieil homme a été crucifié avec lui, pour que soit détruit ce corps de péché, afin que nous cessions d'être asservis au péché" (Rm 6, 6).
5. Voici la nuit de la Grande Attente. Nous attendons dans la foi, nous attendons, de tout notre être humain, Celui qui à l'aube a brisé la tyrannie de la mort et révélé la divine Puissance de la Vie : Lui, il est notre espérance !


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