mardi 31 mai 2016

le Seigneur ton Dieu est en toi, c’est lui, le héros qui apporte le salut - textes du jour

Mardi 31 Mai 2016



Eveillé vers six heures et demi, je ne sortirai pas de mon travail aujourd’hui, sauf à vider un réservoir de débroussailleuse pour continuer de dégager séchoir à linge et pergola, et à respirer en refaisant l’accès à ma bibliothèque principale et à ses casiers. Faire du faire. Messageries avec MMR, GS et memento avec mon cher Pierre, l’ami passionnant et simple de mes dix ans, au collège. Disparition quand qui nous aimons, meurt ? je ne le crois pas, tellement la mort rend disponible à notre souvenir, à l’expression intime de notre amour. Nos morts bien plus souvent en visite et en habitation de notre esprit, de notre cœur, de nos émotions, nos morts devenus compagnons totaux et références actives, je le vis de plus en plus. Evidemment, la rupture : instants et minutes. Pleurer aide simplement, efficacement. Le privilège, la providence d’être à l’instant du dernier souffle : ma belle-mère aimée qui m’a aimé, ma femme et moi à ses côtés, chacun tenant une main, notre concentration et notre communion, tous trois, sa mère, elle ma moitié et moi. Et puis notre cher Claude, moine de Sainte-Anne de Kergonan, l’intensité de son message, de sa vie et la tête qui se tourne vers moi quand j’eus fini de lire à haute voix les lettres qu’il m’a adressait de chez sa mère et que je prenais, à bout de psaumes, pour la prière de toute suite. La vie.
Le Seigneur ton Dieu est en toi, c’est lui, le héros qui apporte le salut. Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour. Il exultera pour toi et réjouira, comme aux jours de fête. Dieu qui nous auve et nous libère et nous donne, splendidement, d’être Sa joie, Sa création. Alleluia, en ce début de journée, les oiseaux en accompagnement… Sophonie et la joie, Sion véritablement. L’erreur dramatique d’Israël, dans sa version guerrière et étatique d’aujourd’hui : le chef d’œuvre d’HITLER est d’avoir fait naître le contraire de ce qu’aurait dû produire la shoah, un ferment de réconciliation internationale, l’autorité morale désormais établie sur la sagesse et la piété, la culture millénaire d’un peuple, vainquant une détestation et un martyre, et provoquant un accueil mutuel, une réconciliation de tout depuis maintenant soixante-dix ans. C’est presque le contraire qui s’est produit : un objet et un fauteur de haine, de clivages, de séparations et surtout de simplisme. Israël, motif et prétexte dans beaucoup de pays où la politique intérieure et les élections ont une crispation dont il est cause. Evidemment, les dégénérescences des pays arabes et musulmans, gâchant leurs printemps chaque fois (sauf en Tunisie, sans doute grâce à notre empreinte transmise à BOURGUIBA qui ne nous en voulut pas de ses années de taule (HO CHI MINH non plus, ne nous en voulait pas), ces pays et peuples intenses leur propre fil et ignorant le charme de leurs jeunesse respectives, se focalisant sur l’humiliation renouvelée à chaque génération au Proche-Orient. Il faut à Israël quelques géants et des saints, après qu’il y ait eu Satan, ses sbires et leur folie : HITLER et la shoah. Je crois possible, à venir, cette surrection d’Israël et sa production en intelligence et en grandeur. C’est possible, c’est certainement nécessaire. Qu’alors, Sophonie et Isaie soient tes prophètes et tes chefs, ô Israël, le monde va y gagner : le Seigneur a levé les sentences qui pesaient sur toi, il a écarté tes ennemis. [1] Et les temps, les époques de silence. Marie resta avec Elisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle. La fin de la gestation du Précurseur, sa naissance tandis que Jésus commence in utero. Le Magnificat est à quatre, ce qui sans doute (numérologie ?) dit son universalité. L’humanité enfin heureuse, comblée, rachetée. JOUHANDEAU à son orgue et chantant. Jésus, que ma joie demeure ! BACH et ce Jésuite, le Père LEDUC, nous le donnant dans une église abbatiale entre les fortêtes et les cathédrales d’Ile-de-France et de Picardie… La race humaine et sa danse si souvent manquée, autour de l’amour. La chair horriblement traitée, tuée dans les camps, les enfants tués. L’horreur, l’enfer n’est pas dans l’au-delà. Pitié pour nous, pitié de nous succombant à nous-mêmes, aveugles, c…, lâches. Sa miséricorde s’étend ‘âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Alors toutes choses en place et rétablies, il comble de biens les affamés, renvoie les mains vides. D’Adam à Abraham, tout s’est dit, se dit et se dira. Nous y sommes. Le discernement d’Elisabeth, puisse-t-il être le nôtre, aujourd’hui et toujours : d’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Oui.


[1] - Sophonie III 14 à 18 ; cantique d’Isaïe XII 2 à 6 passim ; évangile selon saint Luc I 39 à 56
Hier

Presque minuit + Je n’ai pas repris mon travail après notre dîner devant la télévision, j’ai été entrainé par le programme de ma chère femme. – Je ne sais pas du tout la valeur ni l’intérêt de ce que je fais, je sais seulement que maintenant j’écris et suis lancé, que cela a une trajectoire, que j’écris de la même façon que toujours, mais pas la même chose quoique la matière ne change asn, mais maintenant elle ne me domine plus, elle me sert, peut me servir, car cette fois j’ai un but qui de beaucoup dépasse l’édition. C’est une préface, je l’espère, à beaucoup plus, ou bien… ce sera un de mes témoignages si j’échoue.
Le film, l’Amérique quand elle est simple ! et ne l’est-elle pas toujours ? le noir et blanc, toujours, le manichéisme. La campagne maintenant pour le prochain mandat présidentiel TRUMP et CLINTON, également médiocres, donc inutiles et faisant perdre quatre ans de plus au monde encore plus qu’à leur pays puisque ce reste le seul, faute d’Europe, à pouvoir réorienter les choses et les esprits), et à cette parabole intéressante (Arte) d’une histoire de couple que perd la seule innocente du tableau : Assurance sur la mort, Billie WILDER, 1944… que me fait découvrir ma chère femme…, succède un des films sur les crimes nazis, leur condamnation et la chasse après guerre de leurs auteur : Beate et Serge KLARSFELD, la traque des nazis (la 2). Nous n’avions regardé, il y a un an ou deux, que la fin. Ce sont les photos et des instants qui je retiens, si explicatifs. Les entrées des quelques vingt exemplaires et suprêmes au temps des uniformes et du feu. GOERING particulièrement impressionnant d’intelligence et de présence, KEITEL emblématique de la Prusse, qu’il y  soit né ou pas. Le projet juif, l’absence de synthèse que seuls les historiens ont faite, et qui ne fut pas je crois le même dans l’esprit de chacun des survivants. Le film pour la conviction, les têtes d'affiches se tordent les mains pour se voiler le regard, échapper à ce qui est montré, a été enregistré. C'est cela, je crois, l'image qui doit rester de ce XXème siècle. Les atrocités de tableaux d’ensemble, les cadavres qui ne sont plus qu’enveloppe d’os pantins avec les engins de déblaiement, mais aussi les exécutions individuelles des auteurs, les pendaisons, les marches d’escalier. Ce médecin émacié et barbue, le visage de ses derniers instants, plus que pathétique : même s’étant laissée aller au plus atroce et au plus effrayant et cruel (en bleu et clair, le profil de ce médecin en blouse tuant par secouements un bébé hurlant… ), l’âme reste ce qu’elle est, capable de souffrance et sans doute d’autre chose, je crois à la rémission. Conclusion s'il est légitime d'en exprimer, tenter une ... la capacité de souffrir et le crime de ne pas voir sont, humainement, infinies. C'est même, pour des moments de nous, le seul infini. Les mains en arrière plan à gauche du portrait gros plan de HESS. L’intelligence de regard, la souveraineté de EICHMAN, la culpabilité absolue quand il y a fierté de ce qui fut commis, clairement, consciemment. SPEER, passionnant et décisif dans ses deux livres, lus dès leur publication française, m’est ici antipathique, souriant et en forme même sinon surtout dans les dernières semaines du Reich, a certainement failli être l’homme de la succession à HITLER, acceptable par les Alliés. Il s’en est fallu, je crois, de très peu. Il aurait sauvé sa tête en donnant tout ce qu’il savait de l’industrie nipponne. Mais transparence, auto-analyse de ce qu’est l’ambition : un aveu qui est un chef-d’œuvre, et ces deux temps d’une seule vie : 1944 et 1966. L’architecture. Le pire fut peut-être von PAPEN qui avait la confiance de HINDENBURG… KIESINGER est une erreur d’ADENAUER en recherche du remplacement d’ERHARD. Il est dommage pour DG qu’il y ait ce couple en final franco-allemand. Evidemment le discours de Juillet 1962 à Ludwigsbourg : seul l’homme du 18-Juin, à la tête d’une France faisant le Marché commun et la décolonisation pouvait juger l’Allemagne et passer outre. Je ne crois pas à l’inhumanité de quelque peuple que ce soit, dont les Allemands, et je crois à la responsabilité collective d’une génération, celle de l’entre-deux-guerres a été détestable alors qu’elle était à l’apogée de l’expérience autant de la guerre que du bonheur de vivre. Mes chers parents l’ont incarné, loin géographiquement, alors : Le Caire des années 30. Je ne veux pas être passé à côté de ma propre époque et je veux en être responsable. Il m’est sans doute donné de faire, surtout maintenant, le possible.

Oui, il se passe quelque chose dans ma vie, alors qu’aucune de nos astreintes n’est encore desserrée : je suis calme, tranquille, sans question. Il se peut même qu’Edith perde de sa hantise de liquider ici pour ailleurs. Seule trace de ce que nous avons subi, qu’elle subit encore d’anxiété : nos prises de poids respectives. –  Je ferme ce clavier, émerveillé que la vie garde toujours secret l’instant d’après le présent.


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