samedi 9 juillet 2016

qui enverrai-je ? qui sera notre messager ? Me voici : envoie-moi ! - textes du jour

Samedi 9 juillet 2016





Tout hier, décompression comme rarement. La matinée avec ma chère femme à suivre du rivage notre trésor. Les rochers, les pins, le plan d’eau, les réminiscences de notre première matinée, le même golfe mais à son déversement dans l’Océan, par un goulet de quelques centaine de mères. Déjà, la silhouette aimée : paisible, à lire, assise sur les rochers. Lecture – là – d’une édition posthume mais de 1866 de PROUDHON, « plume » en main, dialogue et surtout inspiration mentale : les thèses d’économie et de politique totalement actuelles. Observation qui m’en vient et fait synthèse sur notre moment actuel, qui est un carrefour, en Europe avec la floraison de referendums (ce qui dévalue la procédure) pour répondre aux extrêmismes et en fait les satisfaire… et surtout chez nous qui ne nous raccrochons, ou plutôt qui nous laissons occuper par la demi-finale puis la finale au ballon rond et par les rides : les Invalides pour un ancien Premier ministre, et les primaires pour la prochaine présidentielle, alors que nous ne sommes plus en démocratie (un président à 5% de satisfaits dans l’opinion, un gouvernement au 49-3) et que tout se prépare (réduction de l’écart JUPPE/NS) pour la campagne la plus lamentable que nous ayons jamais vécue. Pas la moindre analyse, pas la moindre réflexion publique, alors que foisonnent certainement les valeurs, les idées, les débats, mais plus rien ne peut surgir. … Je vais ce matin au personnage : PROUDHON, à le lire, l’évident accord avec Napoléon III le social et l’économie modernes, les synthèses remarquables sur nos évolutions historiques, le « creusé » des notions de propriété et de possession, les constats sur la puissance de l’Etat, ce qui met en évidence aujourd’hui non la décadence de l’Etat mais la tendance à le supprimer, ce qui n’a pas de précédent dans l’Histoire : l’accaparement du pouvoir réel par l’argent, par quelques-uns, tandis que les tenants du  pouvoir n’ont plus qu’une fonction amenuiser l’Etat, empêcher jusqu’au souvenir de possibles alternatives à l’existant, aux dogmes sans fondements ni résultats qui gouvernent les esprits, de ceux faisant la décision politique et son commentaire. Mais si PROUDHON est le seul théoricien social, issu de la classe ouvrière, c’est aussi un antiféministe convaincu et un antisémite latent sinon explicite… ce que j’apprends (et regrette pour lui et pour nous).
Décompressé l’après-midi et le soir, tout en collationnant mes titres de transport, les amendes à contester, les mémoires écrits et oraux sur le Sahara occidental… cinq épisodes à la télévision, Hercule Poirot… les dixièmes de mimique pour exprimer avec une justesse exceptionnelle (David SUCHET, la main dans le dos, la démarche chevilles liées, la voussure travaillée, le crâne parfait, la moustache itou) l’accord, l’intelligence, la connivence ou le dédain partagé avec le téléspectateur. Car cette série, comme celle des SIMENON avec CREMER, le très regretté, sont du spectacle-participation, comme rarement. On n’est pas passif en accompagnant ces enquêtes. Mais on peut s’endormir (décompression) ma femme et moi.
Mon livre se fait cependant, dans ma tête et en quelques pages-amorces. Mes circulaires, dès la fin du débat sur le projet EL KHOMRY. Me mettre à jour : parcours-dépouillement du Monde depuis le début de 2013, la dialectique du fiasco pour le quinquennat actuel. Tout le monde s’accorde aujourd’hui sur la nocivité des coincidences de durée et de dates des mandats de président et de député. Mais il y a quinze ans, le chorus intense était en sens contraire. Rapport en Angleterre « accablant » pour Tony BLAIR qui a fait intervenir son pays en Irak, aux côtés des Etats-Unis sans la moindre preuve de ce qu’il était reproché à Sadam HUSSEIN en « armes de destruction massive » et s’étant engagé auprès de BUSH avant toute consultation des Communes… ce qui était criant en 2003 mais nié, n’est donc établi qu’en 2016. Que valent nos évidences d’aujourd’hui ? le fait nouveau est qu’il n’y en a plus, la dubitation devient générale sans qu’apparaisse aucune « piste » de substitution, sans que soit vraiment approfondie pour application – au moins par quelques pays pour donner de l’exemple – le concept et les pratiques de démocratie. On a ricané, ROCARD le premier, sur le ressassement de la participation par DG en 1968-1969 (le terme et l’insistance se trouvent cependant dès les discours de guerre), mais qu’est-ce que cette démocratie participative qu’invoquent maintenant à qui mieux les adventistes et qu’avait déjà popularisé, avec même un projet de referendum, une Ségolène ROYAL alors mentalement libre et pas petite, comme aujourd’hui : 2007… 2016….
Prier… notre pays, mes aimées, celles et ceux que je dois aider, très précisément, celles et ceux que je ne dois pas décevoir, celles et ceux partageant ma route et dont je partage la route, connus, inconnus… oubliés ou que je rencontrerai, sans encore le pressentir, ces jours-ci ou d’ici la fin de ma vie actuelle. Quant à vous, même les cheveux de votre tête sont tous comptés. [1] La vision d’Isaïe, la description dans le Lévitique de l’autel, celles données das l’Apocalypse de saint Jean, notre Sanctus : Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur de l’univers ! Toute la terre est remplie de sa gloire. Ce Dieu qui a une telle prédilection pour Sa créature, Sa création qu’Il compte nos cheveux… dialogue alors du plus grand au plus infime, de Lui à nous : qui enverrai-je ? qui sera notre messager ? – Me voici : envoie-moi !  Prier, adorer, travailler, espérer = vivre, aimer.



[1] - Isaïe VI 1 à 8 ; psaume XCIII ; évangile selon saint Matthieu X 24 à 33

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