mardi 13 septembre 2016

sainte Catherine de Gênes . 1447 + 1510



veuve
patronne de Gênes

Commémorée le 15 septembre (dies natalis) par le Martyrologe Romain et le 12 septembre par le Diocèse de Gênes et par l’Église locale.
Caterina Fieschi, fille d'un vice-roi de Naples, naît à Gênes le 5 avril 1447. Sa famille, féconde en grands hommes, avait donné à l'Église deux papes, neuf cardinaux et deux archevêques. Dès l'âge de huit ans, conduite par l'Esprit de Dieu, elle se mit à pratiquer de rudes mortifications ; elle dormait sur une paillasse, avec un morceau de bois pour oreiller ; mais elle avait soin de cacher ses pénitences. Elle pleurait toutes les fois qu'elle levait les yeux sur une image de Marie tenant Jésus mort dans ses bras.

Malgré son vif désir du cloître, elle se vit obligée d'entrer dans l'état du mariage, où Dieu allait la préparer par de terribles épreuves à une vie d'une incroyable sainteté. Après cinq ans d'abandon, de mépris et de froideur de la part de son mari, après cinq ans de peines intérieures sans consolation, elle fut tout à coup éclairée de manière définitive sur la vanité du monde et sur les joies ineffables de l'amour divin : « Plus de monde, plus de péché » s'écria-t-elle. Jésus lui apparut alors chargé de sa croix, et couvert de sang de la tête aux pieds : « Vois, ma fille, lui dit-il, tout ce sang a été répandu au calvaire pour l'amour de toi, en expiation de tes fautes ! » La vue de cet excès d'amour alluma en Catherine une haine profonde contre elle-même : « Ô amour ! Je ne pécherai plus » s'écria-t-elle.
Trois jours après, elle fit sa confession générale avec larmes, et désormais elle communia tous les jours. L'Eucharistie devint la nourriture de son corps et de son âme, et pendant vingt-trois ans il lui fut impossible de prendre autre chose que la Sainte Communion ; elle buvait seulement chaque jour un verre d'eau mêlée de vinaigre et de sel, pour modérer le feu qui la dévorait, et, malgré cette abstinence, elle jouissait d'une forte santé.
À l'abstinence continuelle se joignaient de grandes mortifications ; jamais de paroles inutiles, peu de sommeil ; tous les jours six à sept heures de prière à genoux ; jamais Catherine ne se départit de ces règles ; elle était surtout si détachée d'elle-même, qu'elle en vint à n'avoir plus de désir et à se trouver dans une parfaite indifférence pour ce qui n'était pas Dieu.
Ses trois maximes principales étaient de ne jamais dire : Je veux, je ne veux pas, mien, tien, de ne jamais s'excuser, de se diriger en tout par ces mots : Que la Volonté de Dieu soit faite ! Elle eut la consolation de voir son époux revenir à Dieu, dans les derniers jours de sa vie, et de l'assister à sa mort. À partir de ce moment, Catherine se donna tout entière au soin des malades, et y pratiqua les actes les plus héroïques jusqu’au jour de son départ pour les demeures éternelles : le 15 septembre 1510 à Gênes.

Catherine de Gênes a été béatifiée le 06 avril 1675 par le pape Clément X (Emilio Altieri, 1670-1676) et canonisée, le 23 avril 1737, par le pape Clément XII (Lorenzo Corsini, 1730-1740).
Pour approfondir, lire la Catéchèse du Pape Benoît XVI :
>>> Catherine de Gênes
[Allemand, Anglais, Croate, Espagnol, Français, Italien, Portugais]



Source principale : Evangelizo.org (« Rév. x gpm »).

BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Salle Paul VI
Mercredi 12 janvier 2011

Catherine de Gênes
Chers frères et sœurs, née en 1447, Catherine de Gênes fit une expérience de conversion étonnante. Mariée à 16 ans avec un homme qui s’adonnait aux jeux de hasard, et insatisfaite du type de vie mondain qui était le sien, elle éprouvait vide et amertume en son cœur. Se rendant un jour à l’église pour se confesser, elle reçut alors «une blessure au cœur d’un immense amour de Dieu», qui lui montra à la fois ses misères et la bonté de Dieu. Immédiatement, elle décida de fuir le péché et le monde. Pendant 25 années, elle vécut, instruite intérieurement par le seul amour du Seigneur et nourrie par la prière constante et la communion quotidienne. Elle se dévoua au service des malades de l’hôpital de Pammatone qu’elle dirigea. Au cours de sa vie toute centrée sur Dieu et sur le prochain, Catherine reçut une connaissance particulière du purgatoire qu’elle décrit comme «un feu non extérieur mais intérieur» sur le chemin de la pleine communion avec Dieu. Devant l’amour de Dieu, l’âme fait une expérience de profonde douleur pour les péchés commis, alors qu’elle est liée par les désirs et la peine du péché qui la rendent incapable de jouir de la vision de Dieu. Il s’agit en effet, d’obtenir la sainteté nécessaire pour entrer dans la joie du ciel. Chers amis, les saints, dans leur expérience d’union à Dieu, atteignent un «savoir» si profond des mystères divins, qu’ils sont une aide pour tous et pour les théologiens dans la recherche de l‘intelligence de la foi.
* * *
Je salue cordialement les pèlerins francophones présents à cette audience. Puissiez-vous, avec sainte Catherine de Gênes, découvrir que l’amour de Dieu est comme un fil d’or unissant notre cœur à Dieu Lui-même! Avec ma Bénédiction apostolique.
 
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wikipédia - à jour au 10 septembre 2016

Catherine de Gênes

Catherine de Gênes
Image illustrative de l'article Catherine de Gênes
Naissance
Décès
Nationalité
Vénéré à
Gênes, église Santissima Annunziata di Portoria
Fête
Attributs
Livre, crucifix
Église Santissima Annunziata di Portoria. Chapelle latérale contenant les reliques de la sainte
Catherine de Gênes (Gênes, 5 avril 1447Gênes, 15 septembre 1510) est une mystique génoise, notamment connue pour son traité sur le purgatoire. Béatifiée le 6 avril 1675 par le pape Clément X puis canonisée le 23 avril 1737 par le pape Clément XII, elle est célébrée le 15 septembre.

Sommaire

Biographie

Enfance et adolescence

Caterina est née à Gênes, en 1447, chez les Fieschi, l'une des plus imposantes familles patriciennes de la République génoise. Les Fieschi comptaient deux papes, Innocent IV et Adrien V, dans leur généalogie, et le père de Caterina, Giacomo, avait été amiral de la république, vice-roi de Naples (sous René d'Anjou) et magistrat de la cité génoise. Giacomo mourut un peu avant la naissance de la sainte, et c'est la mère, Francesca di Negro, qui éleva celle-ci, lui donnant une éducation raffinée, digne de son rang. Dès l'âge de 9 ans, Caterina est l'enjeu d'une alliance matrimoniale entre sa famille, du parti guelfe, et la famille Adorno, du parti gibelin1. Il s'agissait également d'apporter à la vieille aristocratie des Fieschi un peu de la vitalité et de la prospérité économique d'une famille de noblesse plus récente, mais plus entreprenante sur la place commerciale de Gênes. En dépit de son désir, manifesté à 13 ans, de devenir religieuse comme sa sœur Limbania, Caterina épouse donc, à 16 ans, Giuliano Adorno, un homme beaucoup plus âgé qu'elle, au caractère aventureux, volage et dépensier2.

Mariage et conversion

Le mariage se révèle un désastre : l'union reste stérile, et Caterina, que son mari terrorise, sombre dans la mélancolie. A 21 ans, secouant sa torpeur, elle se met à courir le monde, mais en vain : au terme de cinq années d'une existence de plaisirs, le bilan est négatif : le bonheur n'était pas au rendez-vous. Désespérée, la veille de la fête de saint Benoît, le 20 mars 1473, elle implore le saint de lui envoyer une maladie qui la clouerait au lit trois mois durant. Deux jours plus tard, tandis qu'elle rend visite à sa sœur, elle accepte de se confesser au chapelain du monastère, mais à peine la confession commencée, voici qu'elle ressent au cœur "la blessure d'un immense amour de Dieu", accompagnée d'une nette perception de ses péchés et de ses défauts. Avec une bouleversante rapidité s'est accomplie sa conversion. Jusqu'au jour de sa mort, elle restera fidèle à cette grâce initiale3.

Étapes spirituelles

Les quatre premières années sont vouées à la pénitence. Caterina entame ses premiers jeûnes forcés (phénomène mystique de l'inédie), qu'elle prolongera durant 23 carêmes et 23 avents, tout en communiant chaque jour (fait rare à l'époque). Pour se consacrer au service des malades indigents, elle se fait fille de salle à l'hôpital Pammatone. De 1477 à 1496, sous la conduite d'une inspiration intérieure, elle multiplie les expériences extatiques, sans négliger l'hôpital, où elle est nommée directrice de la section des femmes, en 1490. Entre-temps, son mari a changé de vie, et, devenu tertiaire franciscain, s'est engagé, lui aussi, à Pammatone; ils ont décidé de vivre comme frère et sœur; Giuliano meurt en 14974. À cette date, l'inédie a cessé, mais Caterina connaît de grandes épreuves mystiques et un dérèglement de son état de santé. Elle se confie désormais à un conseiller spirituel, Cattaneo Marabotto, lequel fait partie d'un petit groupe de fidèles de la sainte, la Fraternité du Divin Amour5, qui composera, sur base des confidences de la sainte, les écrits connus sous le nom de celle-ci. Probablement rongée par un cancer à l'estomac, elle meurt, le 15 septembre 15106.

Postérité

Le corps de la sainte

Lorsqu'au bout de dix-huit mois, le corps de la sainte est exhumé pour être transféré de l'église de l'hôpital vers un tombeau neuf, il est retrouvé intact. Depuis 1737, année de la canonisation de Caterina par le pape Clément XII, il se trouve placé sous une châsse de verre. Une commission canonique et médicale a constaté, en 1960, la continuation du phénomène d'incorruptibilité7.

Le corpus des écrits

La renommée de Caterina tient surtout à la popularité des écrits publiés sous son nom. Il s'agit, en réalité, d'un corpus de documents en dialecte génois, compilés par les intimes de la sainte : le confesseur Marabotto, le notaire Ettore Vernazza, sa fille Tommasina (Sr Battistina), un prêtre attaché à l'hôpital, Jacques Carenzio, sans oublier la servante, Argentina del Sale. Ils ont noté les confidences de la mystique, mais aussi les événements dont ils furent les témoins durant les douze dernières années de sa vie, particulièrement les ultimes épreuves. Une première rédaction, restée manuscrite, est attestée dès 1522. En 1551 paraît à Gênes une première édition comprenant "Vie admirable et doctrine sainte" (en 52 chapitres), "Traité du purgatoire" (1 chapitre dégagé de l'ensemble) et "Dialogue" (3 chapitres, dont le premier a été dégagé de l'ensemble). En 1568, c'est à Florence que paraît une deuxième édition, plus proche de la langue toscane, mais fidèle à la première. Cette version florentine a servi à toutes les éditions ultérieures8.

L'influence de l'œuvre

La mystique catherinienne a tout spécialement influencé, au XVIIe siècle, l'école française de spiritualité. Le chartreux Jean Cadet a fait paraître une traduction de la "Vita" de la sainte en 1598, bientôt suivi par d'autres, dont Desmarets de Saint-Sorlin, en 1661. Entre-temps, François de Sales offre à Jeanne de Chantal un exemplaire de la "Vita", et s'en inspire pour écrire son "Traité de l'amour de Dieu". Entre 1640 et 1650, son successeur, Jean-Pierre Camus, évêque de Belley, rédige une apologie de la sainte, et deux capucins, Laurent de Paris et Benoît de Canfield, intègrent son expérience dans leur doctrine spirituelle. À la même époque, Pierre de Bérulle revendique l'influence de Caterina sur sa pensée, comme dans sa collaboration avec Madame Acarie, introductrice des carmélites en France. Jacques-Bénigne Bossuet lui-même appréciera cette mystique. Mais c'est surtout Fénelon qui, avec Madame Guyon, reprendra et adaptera la doctrine catherinienne du Pur Amour de Dieu9.

Spiritualité

Une autonomisation de la mystique

Le corpus de textes liés à Catherine de Gênes, s'attache essentiellement à la description des états mystiques de la sainte, sous une forme narrative ("Vita") ou allégorique (Purgatoire et Dialogue). Une sorte d'autonomisation de la spiritualité s'observe ici : dégagée de la théologie par la Devotio moderna, la contemplation ne reflète plus, ainsi que c'était le cas dans la mystique médiévale, un approfondissement intérieur de la liturgie ecclésiale, conçue comme célébration sacramentelle de la parole de Dieu10. L'empreinte ecclésiologique s'estompe, et l'enracinement scripturaire se fragilise : les thèmes abordés (Purgatoire, platonisme, indifférence vis-à-vis des créatures, voire haine de soi) n'entretiennent plus qu'un rapport indirect avec l'Evangile, et relèvent davantage des sujets en vogue dans les cercles dévots du Quattrocento11. L'attention se focalise donc sur un cas individuel, avec une mise en exergue des structures psychologique et de l'univers culturel de la sainte.

Une herméneutique de la conversion

La doctrine catherinienne tire ses grandes lignes de l'expérience initiale de la grâce : déception du monde, feu de l'amour divin, douleur mystique, culpabilité et contrition. Cette herméneutique de la conversion entraîne, comme chez Augustin d'Hippone, une anthropologie de l'Image et une théologie du Désir12. Le discours sur la condition humaine est basé sur un dualisme nature-grâce, respectivement représentées par le corps et par l'âme, dont l'antagonisme constitue le thème, accompagné de ses variations, du Dialogue. Dans cette configuration, l'amour-propre de la créature est si radicalement opposé à l'amour oblatif du Créateur, que la souffrance générée par cette situation deviendrait strictement insupportables, si elle n'était vécue dans un espace idéal où aucun retour sur soi-même n'est plus possible : le Purgatoire est ce lieu où le désir de voir Dieu assume toute souffrance, de sorte que celle-ci se convertit en joie13. Dans le traité consacré à ce sujet, le pessimisme anthropologique ouvre donc sur un optimisme eschatologique. A moins qu'il ne faille voir là une métaphore de la passion amoureuse - croccie et delizie.

Une ascèse de l'Absolu

Chez Catherine, Dieu est d'abord le nom (voire le prête-nom) de l'Absolu, au sens étymologique d'ab-solutus : radicalement détaché; et le Pur Amour constitue la forme de cet absolu détachement de soi-même. Pour une psychologie marquée par le désabusement14, l'Absolu peut devenir, contre la dépression, l'unique désirable. Seulement, pour atteindre cet essentiel, l'ascèse doit viser la réduction à l'infime, en se vouant à l'œuvre du feu purgatoire, c'est-à-dire purificateur. Aussi Catherine se détache-t-elle de toute appartenance sociale (elle n'est ni épouse, ni mère, ni religieuse), de toute sécurité corporelle et morale (thèmes de la maladie et la culpabilité), voire du minimum vital (phénomènes de l'inédie et de la claustration15), si bien que la vie intérieure de cette grande passionnée ne peut être comparée qu'à un Purgatoire, détaché de la Terre, des Enfers et du Ciel, et dédié à la quête inassouvie de la (dé)possession amoureuse.

Traité du Purgatoire

Circonstances de l'œuvre

Ce chef-d'œuvre de la mystique n'a pas été écrit par Catherine mais par ses intimes, les membres de la Fraternité du Divin Amour, à savoir : deux prêtres (Marabotto et Carenzio), un notaire (Vernazza) et une religieuse (Sr Battistina), elle-même auteur d'un guide spirituel. A la mort de la sainte, outre le témoignage de la servante, Argentina del Sale, ils ont recueilli dix années de souvenirs, observations personnelles et confidences de la disparue, dans une compilation que l'on appelle le corpus catharinianum, et dont la première rédaction (en dialecte génois) date probablement des années 1520-1522. Or, avant que ce corpus ne soit publié, le Traité n'était pas détaché du reste du texte, lequel portait déjà le titre de Vie et doctrine. Ce n'est qu'en 1551, à la première édition, que le chapitre XLI devint le Traité du Purgatoire, pour en faciliter la lecture. Il ne s'agit donc pas d'un traité au sens technique du terme : aucun des auteurs n'est un théologien professionnel; ils se sont contentés de rassembler tous les matériaux qui concernaient le sujet, et de les présenter dans un ordre dont la logique se laisse difficilement saisir. Autrement dit, la suite des chapitres ne forme pas un développement d'une seule coulée, et certains pourraient être considérés de manière autonome, comme l'essentiel des entretiens de "ce jour-là". D'ailleurs, il est évident que l'attention des auteurs s'est portée primitivement sur la situation mystique de la sainte, et non sur le Purgatoire en lui-même : il n'y a, à proprement parler, aucune véritable description du lieu, lequel fait, avant tout, office de comparaison par rapport à ce que ressent Catherine : une anticipation et l'analogue en cette vie du purgatoire de l'au-delà16. C'est ainsi la récurrence du thème et la force du propos qui ont amené les compilateurs à mettre en exergue le sujet.

Propos de l'œuvre

Le Prologue fonde les propos de Catherine sur son expérience personnelle : en proie à une œuvre de purification mystique, elle se sent établie dans le purgatoire du brûlant amour de Dieu, en vue de lui être présentée directement après la mort. Interprétant sa situation comme une anticipation du Purgatoire, elle se considère à même de décrire l'état des âmes qui subissent post mortem cette purification des souillures du péché. L'intérêt de l'ouvrage réside dans l'optimisme de la sainte, qui applique à ces âmes l'union à l'amour divin dont elle fait l'épreuve, et la satisfaction qu'elle tire des opérations auxquelles Dieu se livre dans son âme.
Catherine se base ici sur une anthropologie inspirée d'Augustin d'Hippone. L'âme humaine a été créée avec la capacité d'atteindre la perfection et la béatitude, à condition d'obéir à Dieu sans se laisser souiller par le péché. Toutefois, la contamination de la faute originelle lui fait perdre sa capacité. Par rapport à cette mort spirituelle, le baptême apparaît comme une résurrection, une renaissance, même si une certaine inclination au mal subsiste. Dans ces conditions, retomber effectivement dans le péché, constitue une seconde mort et une nouvelle souillure : ainsi recroquevillée sur elle-même, l'âme a besoin, pour se tourner à nouveau vers Dieu et redevenir digne de lui, que la grâce divine réalise en elle les opérations de son feu purificateur. Comme ce retour à la perfection primitive résulte d'un instinct, il suscite dans l'âme une ardeur d'autant plus vive qu'elle se sent entravée par toutes sortes d'imperfections, et cet instinct brûlant et entravé constitue son purgatoire17.

Bibliographie

Traductions françaises

  • Catherine de Gênes, « Traité du Purgatoire », sur http://livres-mystiques.com/ (consulté le 10 mars 2016)
  • Sainte Catherine de Gênes, Traité du purgatoire, Dialogue, Namur, Éditions du Soleil Levant, 1962.
  • Fr. de Martinoir, Catherine de Gênes ou la joie du purgatoire, Éditions Jean-Claude Lattès, 1995.

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. P. Debongnie, "Introduction", pp. 11-22, in Sainte Catherine de Gênes, "Traité du purgatoire, Dialogue", Namur, Editions du Soleil Levant, 1962, p. 11.
  2. P. Debongnie, op cit, pp. 11-12.
  3. P. Debongnie, op cit., p. 12.
  4. P. Debongnie, op cit, p 13.
  5. Fr. de Martinoir, "Catherine de Gênes ou la joie du purgatoire", Editions Jean-Claude Lattès, 1995, p. 71.
  6. P. Debongnie, op cit, p. 14.
  7. P. Debongnie, op. cit., pp. 14-15.
  8. P. Debongnie, op. cit., pp. 16-17.
  9. Fr. de Martinoir, op. cit., pp. 160-167.
  10. Fr. de Martinoir, op. cit.,p. 68.
  11. Fr. de Martinoir, op. cit., p. 114.
  12. P. Debongnie, op. cit., pp. 17-18.
  13. Catherine de Gênes, "Traité du Purgatoire", in P. Debongnie, op. cit., p. 27.
  14. Fr. de Martinoir, op. cit., pp. 46-48.
  15. Fr. de Martinoir, op. cit., pp. 84-88.
  16. P. Debongnie, op. cit., p. 25.
  17. Catherine de Gênes, "Traité du Purgatoire", §13.
  • Dernière modification de cette page le 10 septembre 2016, à 21:44.
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TRAITÉ DU PURGATOIRE
DE LA BIENHEUREUSE DAME
CATARINETA ADORNA
Comment, par comparaison avec le feu divin qu'elle ressentait au-dedans d'elle-même, elle comprenait ce qu'était le purgatoire, et comment les âmes s'y trouvent contentes et souffrantes.
Cette sainte âme encore dans sa chair se trouva établie dans le purgatoire du brûlant amour de Dieu. Il la brûlait toute et la purifiait de ce qu'elle avait à purifier, de façon qu'au sortir de cette vie elle pût être présentée au regard de Dieu son doux amour. Par le moyen de ce brûlant amour, elle comprenait en elle-même dans quel état se trouvent au purgatoire les âmes des fidèles pour purifier toute espèce de rouille et de tache du péché non encore effacée durant cette vie.
Elle-même, établie au purgatoire du feu divin d'amour, se tenait unie à son divin amour, satisfaite de tout ce qu'il opérait en elle ; comprenant qu'il en était ainsi des âmes qui sont au purgatoire, elle disait (1):
_________
(1) Dans son exposé, la sainte passe tour à tour, et sans avertir, du «purgatoire» qu'elle subit déjà à celui d'après la mort. Le lecteur en sera prévenu, soit par les sommaires, qu'il a fallu quelquefois modifier à cette fin, soit par des notes au bas des pages.
-----------------
1. Parfaite conformité des âmes du Purgatoire à la volonté de Dieu.
Les âmes qui sont au purgatoire, à ce que je crois comprendre, ne peuvent avoir d'autre choix que d'être en ce lieu puisque telle est la volonté de Dieu qui dans sa justice l'a ainsi décidé. Elles ne peuvent pas d'avantage se retourner sur elles-mêmes. Elles ne peuvent dire : j'ai fait tels péchés et c'est à cause d'eux que je mérite de me trouver ici. Il ne leur est pas possible de dire : je voudrais ne pas avoir fait tels péchés, parce qu'ainsi j'irais tout de suite en paradis. Pas davantage : celui-là sortira d'ici avant moi. Ni dire : j'en sortirai avant lui. (2)
Elles sont incapables d'avoir ni d'elles-mêmes ni des autres aucun souvenir, ni en bien ni en mal, qui puisse augmenter leur souffrance. Elles ont, au contraire, un tel contentement d'être établies dans la condition voulue par Dieu et que Dieu accomplisse en elles tout ce qu'il veut, comme il le veut, qu'elles ne peuvent penser à elles-mêmes ni en ressentir quelque accroissement de peine.
Elles ne voient qu'une chose, la bonté divine qui travaille en elles, cette miséricorde qui s'exerce sur l'homme pour le ramener à Dieu. En conséquence, ni bien ni mal qui leur arrive à elles-mêmes ne peut attirer leur regard.
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(2) Les âmes du purgatoire, livrées tout entières à l'amour, n'ont plus aucune espèce de retour sur elles-mêmes, elles sont incapables de dire je. Catherine de Gênes était arrivée à cette totale abnégation d'elle-même dès son vivant, comme elle le déclare à plusieurs reprises.
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Si ces âmes pouvaient en prendre conscience, elles ne seraient plus dans la pure charité.
Elles ne peuvent non plus considérer qu'elles sont dans ces peines à cause de leurs péchés, cette idée n'entre pas dans leur esprit. Ce serait en effet une imperfection en acte (3), chose qui ne peut exister en ce lieu où il est impossible de commettre un péché.
Pourquoi elles sont en purgatoire, cette cause qui est en elles, il ne leur est donné de la voir qu'une seule fois, au moment qu'elles sortent de cette vie, et dans la suite ne la voient plus jamais. Autrement, ce regard serait un retour sur soi.
Étant donc établies en charité et n'en pouvant plus dévier par un acte défectueux, elles sont rendues incapables de rien vouloir, de rien désirer, hormis le pur vouloir de la pure charité. Placées dans ce feu purifiant, elles y sont dans l'ordre voulu par Dieu. Cette disposition divine est pur amour, elles ne peuvent s'en écarter en rien, parce qu'elles sont incapables de commettre un péché, comme aussi de faire un acte méritoire.
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(3) Puisque ce serait un retour sur elles-mêmes, un acte d'amour-propre, comme la sainte va le dire aussitôt.
Remarquons comment Catherine présente le « jugement particulier », dans sa nue simplicité, bien éloignée des figures et des imaginations : c'est un regard de l'âme sur elle-même à la lumière invisible de Dieu (dont elle n'a pas la vision), elle se voit dans sa vérité et se juge.
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2. Joie des âmes du Purgatoire. Leur croissante vision de Dieu. La raison de la rouille.
Je ne crois pas qu'il puisse se trouver un contentement comparable à celui d'une âme du purgatoire, à l'exception de celui des saints en paradis. Chaque jour s'accroît ce contentement par l'action de Dieu en ces âmes, action qui va croissant comme va se consumant ce qui empêche cette action divine. Cet empêchement, c'est la rouille du péché. (4) Le feu consume progressivement cette rouille et ainsi l'âme se découvre de plus en plus à l'influx divin.
De même un objet qu'on aurait recouvert ne peut correspondre à l'éclat du soleil, non point parce que le soleil serait insuffisant, lui qui continue de briller, mais par l'empêchement de ce qui recouvre l'objet. Que vienne à se consumer l'obstacle qui fait écran, l'objet se découvrira à l'action du soleil ; il la subira de plus en plus à mesure que l'obstacle diminuera.
Ainsi la rouille, c'est-à-dire le péché (5) est ce qui recouvre l'âme. Au purgatoire cette rouille est consumée par le feu. Plus elle se consume, plus aussi l'âme s'expose au vrai soleil, à Dieu. Sa joie augmente à mesure que la rouille disparaît et que l'âme s'expose au rayon divin. Ainsi l'une croît et l'autre diminue jusqu'à ce que le temps soit accompli. Ce n'est pas la souffrance qui diminue, c'est uniquement le temps de rester dans cette peine.
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(4) La rouille n'est pas un reste de péché, une disposition mauvaise de la volonté qui serait l'effet en l'âme des péchés commis durant la vie terrestre : c'est une souillure de l'âme, extérieure à sa volonté, un manque de perfection suite des péchés d'autrefois, dont la volonté s'est totalement détachée au moment de la mort.
(5) Faute de lecture de l'édition. Il faut lire : la rouille du péché, conformément à ce qui est dit plus haut.
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Quant à la volonté, ces âmes ne peuvent jamais dire que ces peines soient des peines, tant elles sont satisfaites des dispositions divines auxquelles leur volonté est unie par pure charité.
3. Souffrances des âmes du Purgatoire. La séparation d'avec Dieu est leur plus grande peine.
D'autres part, la peine qu'elles subissent est si extrême qu'il n'est aucune langue qui puisse l'exprimer ni aucune intelligence qui puisse en saisir la moindre étincelle si Dieu ne la lui découvre par une grâce toute spéciale. Cette étincelle, Dieu fit à cette âme (6) la grâce de la lui faire voir, mais je ne puis l'exprimer par la langue. Cette connaissance que Dieu m'a fait voir n'est jamais sortie de mon esprit. J'en dirai ce que je pourrai et ceux-là comprendront à qui le Seigneur daignera ouvrir l'entendement.
La source de toutes les souffrances est le péché, soit originel, soit actuel. Dieu a créé l'âme toute pure et toute simple, sans aucune tache de péché et avec un instinct béatifique qui la porte vers lui.
De cet instinct, le péché originel en quoi elle se trouve la détourne. Le péché actuel, quand il s'y ajoute, l'en détourne plus encore. Plus elle s'en éloigne, plus elle devient mauvaise, puisque Dieu de moins en moins s'accorde avec elle.
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(6) «Cette âme», c'est Catherine de Gênes, évitant de se nommer elle-même, comme saint Paul parlant de ses visions ; « Je connais un homme...»(2 Cor.,12 ,2).
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Tout ce qu'il peut y avoir de bon dans les créatures n'existe que par la communication que Dieu en fait. Aux créatures non raisonnables, Dieu en fait part selon ses desseins et il ne leur fait jamais défaut.
À la créature raisonnable, à l'âme, il correspond plus ou moins dans la mesure où il la trouve purifiée de l'empêchement du péché. Existe-t-il une âme qui revienne à la première pureté de sa création, l'instinct du bonheur se découvre en elle et s'accroît aussitôt avec une telle véhémence, une telle ardeur de charité l'entraînant vers sa afin dernière, que c'est pour elle chose insupportable d'en être écartée. Plus elle en a la conscience, plus extrême est son tourment.

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