dimanche 23 octobre 2016

le pape François commentant la rencontre de la Samaritaine avec Jésus - application de la vertu de misériocrde : le dialogue


JUBILÉ EXTRAORDINAIRE DE LA MISÉRICORDE
PAPE FRANÇOIS
AUDIENCE JUBILAIRE
Samedi 22 octobre 2016

Chers frères et sœurs, bonjour!

Le passage de l’Évangile de Jean que nous avons écouté (cf. 4, 6-15) rapporte la rencontre de Jésus avec une femme samaritaine. Ce qui frappe dans cette rencontre est le dialogue très intense entre la femme et Jésus. Cela nous permet de souligner aujourd’hui un aspect très important de la miséricorde, qui est propre au dialogue 
.
Le dialogue permet aux personnes de se connaître et de comprendre les exigences les uns des autres. Celui-ci est tout d’abord un grand signe de respect, car il place les personnes dans une attitude d’écoute et dans la condition de recevoir les meilleurs aspects de l’interlocuteur. En deuxième lieu, le dialogue est une expression de charité, car, sans ignorer les différences, il peut aider à rechercher et à partager le bien commun. En outre, le dialogue nous invite à nous placer devant l’autre en voyant ce dernier comme un don de Dieu, qui nous interpelle et qui nous demande d’être reconnu.

Très souvent, nous ne rencontrons pas nos frères, bien que vivant à leurs côtés, en particulier quand nous faisons prévaloir notre position sur celle de l’autre. Nous ne dialoguons pas quand nous n’écoutons pas assez ou bien quand nous tendons à interrompre l’autre pour démontrer que nous avons raison. Pourtant, combien de fois, combien de fois quand nous sommes en train d’écouter une personne, nous l’arrêtons et nous disons : « Non! Non! Ce n’est pas comme ça! » et nous ne laissons pas la personne finir d’expliquer ce qu’elle veut dire. Et cela empêche le dialogue : cela est une agression. Le véritable dialogue, en revanche, a besoin de moments de silence, pendant lesquels saisir le don extraordinaire de la présence de Dieu chez notre frère.

Chers frères et sœurs, dialoguer aide les personnes à humaniser les relations et à surmonter les incompréhensions. Il y a tellement besoin de dialogue dans nos familles, et comme l’on résoudrait plus facilement les problèmes si l’on apprenait à s’écouter réciproquement! Il en est ainsi dans la relation entre mari et femme, et entre parents et enfants. Une grande aide peut également provenir du dialogue entre les enseignants et leurs élèves ; ou bien entre les dirigeants et les ouvriers, pour découvrir les meilleures exigences du travail.

L’Église vit aussi du dialogue entre les hommes et les femmes de chaque époque, pour comprendre les nécessités qui sont au cœur de chaque personne et pour contribuer à la réalisation du bien commun. Pensons au grand don de la création et à la responsabilité que nous avons tous de sauvegarder notre maison commune : le dialogue sur un thème aussi central est une exigence inéluctable. Pensons au dialogue entre les religions, pour découvrir la vérité profonde de leur mission au milieu des hommes, et pour contribuer à la construction de la paix et d’un réseau de respect et de fraternité (cf. Enc. Laudato si’, n. 201).

Pour conclure, toutes les formes de dialogue sont l’expression de la grande exigence d’amour de Dieu, qui va à la rencontre de tous et place en chacun une semence de sa bonté, pour que la personne puisse collaborer à son œuvre créatrice. Le dialogue abat les murs des divisions et des incompréhensions ; il crée des ponts de communication et ne permet à personne de s’isoler, en se renfermant dans son petit monde. N’oubliez pas : dialoguer signifie écouter ce que me dit l’autre et dire avec douceur ce que je pense. Si les choses se déroulent ainsi, la famille, le quartier, le lieu de travail seront meilleurs. Mais si je ne laisse pas l’autre dire tout ce qu’il a sur le cœur et que je commence à hurler — aujourd’hui on hurle beaucoup — cette relation entre nous ne se terminera pas bien ; la relation entre mari et femme, entre parents et enfants ne se terminera pas bien. Ecouter, expliquer, avec douceur, ne pas crier contre l’autre, ne pas hurler, mais avoir un cœur ouvert.

Jésus connaissait bien ce qu’il y avait dans le cœur de la samaritaine, une grande pécheresse ; malgré cela, il n’a pas refusé qu’elle s’exprime, il l’a laissée parler jusqu’au bout, et il est entré peu à peu dans le mystère de sa vie. Cet enseignement vaut également pour nous. A travers le dialogue, nous pouvons faire grandir les signes de la miséricorde de Dieu et en faire un instrument d’accueil et de respect.



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