mardi 29 novembre 2016

a justice est la ceinture de ses hanches ; la fidélité est la ceinture de ses reins - textes du jour


Mardi 29 Novembre 2016

La matinée d’hier : ma rédaction quotidienne, prière, politique. L’après-midi et la soirée d’hier, pour Le Calame la récapitulation des dictatures militaires, le constat de mes travaux mauritaniens non exploités et maintenant de mes lacunes sur tout le règne en cours, soit six ans à étudier dans A.M.I. Je me suis effondré de sommeil sur ce clavier, à ne pouvoir m’en extirper. Sensation débilitante de n’avoir pas vu ma femme de la journée, ni communié avec elle. Fraicheur, après le fiasco d’un premier téléphone accaparé par les « copines », notre adorable fille. Livre et signatures, rien… Et pourtant l’espérance, la  certitude d’aboutir. Par nécessité et logique. Si faible que je sois. – Sensation que ce médecin que je vais voir tout à l’heure pour le permis de conduire sera intéressant sinon marquant. Peut-être mon futur praticien généraliste traitant, sur place ?
Notre paysage national est lugubre, ni soleil ni lune. Les deux censément de droite, debout l’un à côté de l’autre : boule blanche, boule noire. Des croquemorts. Même somnambulisme : FH à l’inévitable pupitre sur fond des deux drapeaux, VALLS frêle et au visage trop aigu, en contraste complet avec l’œuf de Pâques, le seul souriant dans notre foule de comparses : FH. JMC me fait remarquer : juste une remarque faite par une amie observatrice (je n’ai pas la télé, donc, je n’ai rien vu :) , ce qui l’a frappé dimanche soir, c’était le désespoir, les pleurs, l’animation des jeunes juppéistes en contraste de l’apathie des jeunes fillonistes. Sarkozy et Juppé avaient bien des défauts, mais ont suscité un mouvement jeune en leur faveur (même fan pour Sarkozy)… Espérons maintenant que cela ne soit pas Marine qui récupère tout cela... de ce dernier côté, je ne suis pas inquiet : le Front national représente mais n’a rien dire. Ce parti aussi entre les femmes chefs : Marine et Marion, et PHILIPPOT, condamné à être le civil qui dédouane, est épuisé. – Les trois débats, les ambiances, rien sur la France en tant que tels, rien sur ce que nous sommes. Plus au grand angle encore : aucune analyse du monde où nous vivons ni de l’homme aujourd’hui. Il est vrai qu’à part MERKEL, aucun gouvernement en Europe n’est « brillant »… mais la chancelière a manqué complètement de propositions pour la rénovation, le re-départ de l’Europe alors qu’elle en avait tous les moyens, l’autorité personnelle et celle conquise par son pays. Et Alep, ces images, il y a vingt ou trente ans d’une fillette encastrée dans un bloc de boue ou de je ne sais quoi qui agonisa trois jours devant les cameras du monde entier : ce devait être en Colombie, aucune possibilité technique de l’extirper. Alep, alors qu’en quelques heures de confrontation avec POUTINE, comme naguère les frères KENNEDY avec KHROUCHTCHEV (Cuba déjà… et plus que Cuba), un nouvel équilibre avait été trouvé, qui engendra la C.S.C.E. puis la « perestroïka ». ce qui caractérise l’Europe depuis pkus de cent ans : l’art de manquer les occasions ? un art collectif, transfrontalier.
Prier… ardeur et espérance… anniversaire hier de la mort de Maman, message à la fratrie, en quelques lignes sans ordre, des moments avec elle, des moments elle et moi [1]. Mais un livre, pour elle, comme pour mon père, n’y suffiront pas. Je veux les écrire. Aujourd’hui, anniversaire du Frère Claude, la grâce d’avoir été intensément et si manifestement ensemble jusqu’à ce qu’il soit happé par la mort dont il fut – pour moi – manifeste qu’elle était la vie, enfin. Mot de l’Abbé : juste, arrivant devant le gisant désormais. Quel mystère ! Oui.

Et la promesse, décisive : le Christ [2]. Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines. Sur lui reposera l’espoir du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur…le voilà le bon candidat à notre prochaine élection…. La justice est la ceinture de ses hanches ; la fidélité est la ceinture de ses reins. Et le monde changé : le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira. La vache et l’ourse auront même pâture, leurs petits auront même gîte. Le lion, comme le boeuf, mangera du fourrage. Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra ; sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la main. Qui n’a lu cela de sa vie, qui ne l’espère pas, comment est-il ? comment subsiste-t-il ? d’âme ? de psychologie. Le bonheur précis, particulier et propre à chacun de nous : il est universel, il nous est promis, il sera, déjà en gestation, par notre espérance, dans notre espérance et notre foi, il est. Il n’y aura plus de mal ni de corruption sur toute ma montagne sainte ; car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent la mer. Ce jour-là, la racine de Jessé sera dressée comme un étendard pour les peuples, les nations le chercheront et la gloire sera sa demeure. Le cantique de la Création nouvelle, c’est le Christ Lui-même qui l’entonne, et nous l’apprend. Un des disciples l’a recueilli, Luc, le méthodique, le mémorialiste irremplaçable, l’a consigné. Pour notre bonheur. Le Christ s’étonne de Dieu. Dieu Lui-même… je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits… le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra… sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la main. Et les tout-petits, c’est nous. Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez… mais Jésus oublie son proto-évangéliste quand Il assure, il est vrai pour nous convaincre du privilège que nous procure la foi qu’Il nous donne : beaucoup de prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous-mêmes voyez, et be l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu.  Oui, dans la foi et l’espérance, nous voyons et entendons, nous attendons et nous sommes déjà comblés. Notre amour mutuel, combien je le vis avec ma chère femme, notre fille, et aussi en recevant tant de messages à tant de propos qui disent la communion humaine, notre amour mutuel le proclame, aussi. La mort n’aura pas de prise. Il délivrera le pauvre qui appelle, et le malheureux sans recours. Il aura souci du faible et du pauvre, du pauvre dont il sauve la vie. Que son nom dure toujours !

                          


[1] - Elle signait : ta Maman.
Maman, mes très chers soeurs et frères - samedi 28 novembre 1992...
Je me souviens...
la prière au pied de mon lit, le soir, rue Parmentier, le berceau en bois grossier, celui de l'ours confectionné par la marraine, Tante Vévette : Claude, Papa, Maman derrière moi...
la porte de la salle-de-bains en fond de couloir que je n'aurais pas dû ouvrir, première et dernière fois... sa colère
mais la mienne... à un tout autre moment, et ma fourchette à dessert dans sa joue gauche
sur la table-bureau de Papa qui m'a été léguée, toujours rue Parmentier, Maman m'apprend à écrire (je monte, je redescends, je fais la petite queue), Papa quelques chiffres, Maman derrière moi encore au cours Poulet, chaque mercredi : méthode Hattemer
mon besoin de plus ... sentir le baiser : chambre qui fut ensuite lingerie, boulevard de Beauséjour... le soir, la robe bleu pétrole, l'ensemble admirable et nature, la silhouette allant bien avec cette coiffure que nous avons connue et qui était elle (Harcourt)... donc sentir le baiser, la rappeler
cette photo de nous deux à Megève, l'été de 1953 : notre relation alors très bien figurée, je protège mais suis triste, Maman est radieuse
un retour de camp en été : initiation à la plongée avec bouteilles, le Père André, un retour anticipé : Maman à Papa - Minet, je ne peux le voir en peinture. Je ne crois pas que cela m'ait peiné
oui, un besoin de proximité et de tendresse qui ne sera vraiment rencontré qu'à mes dix-neuf ans en coincidence - hélas ! - avec l'explication, nous sommes à la cuisine, qui est grande, Maman à l'évier, les éviers sont en pierre à l'époque, donc Papa, la ruine, la dot, Tipère, sanglots, je suis là à son côté, une relation qu'avait certainement à sa manière notre cher Claude, toi mon cher Claude, et autant avec Maman qu'avec Papa, je crois bien, la confidence... coincidence avec ton départ de la maison, le boulevard Exelmans, et ton mariage heureux et si exemplaire, enviable au moins pour moi
compagnonnage commencé et que la mort n'a pas dénoué
la confidence de ma vie sentimentale compliquée et ratée selon toutes apparences, longtemps, mais aucun empêchement en rien, dialogue, pas même conseil
les semaines ensemble quand je suis en ambassade : je suis si fier et heureux d'elle, j'en suis félicité
des hésitations en telles circonstances d'avoir à choisir : elle me les confie
sa protection à assurer dans d'autres
Son regard qu'elle veut faire résolu et fixe parce qu'il y a un reproche ou une dénégation où une dénégation à me faire : appel à examen de conscience et de conduite
je ne suis pas seul dans la vie, elle est là
il y a Papa dont elle me parle, la vie antérieure, la relation présente qui reste douloureusement aimante, les paroles avant de quitter le monastère pour la première nuit
les pas ensemble, le long du remblai à la Baule, ou en allant des chalets successifs d'Argentière aux divers magasins de ravitaillement.
des pélerinages : Saint-Quentin et le début de ses années 1920, Guise... nous terminons le périple à Foigny chez Tante Renée Mariolle...
les livres qu'elle me fait lire : Brasillach... ceux qu'elle me donne, de Gaulle en mémoires de guerre, la précieuse édition tricolore, ou les mémoires d'espoir
le dialogue avec elle et avec Papa, sur recommandation de toi - mon cher Claude - sur une vocation sacerdotale ou religieuse : c'est Papa qui dit, les parents sont des mendiants d'amour
mes questions d'interrogation sexuelle : je vais à elle, qui me renvoie à Papa, qui m'adresse à toi mon cher Claude, en fait je m'arrête à quitter Papa m'indiquant que tu me donneras des adresses ce que je ne comprends pas bien ou complètement et dont je n'ai nul besoin. Il avait commencé sa réponse à partir du fruit des entrailles selon le Je vous salue, Marie
le théâtre et le cinéma, assis entre Maman et Papa : les séquestrés d'Altona, Sartre, Reggiani... ce documentaire sur Picasso filmé par la transparence de la toile sur laquelle sa peinture trace
sa dictée de souvenirs jusqu'à son mariage, chez Marie-Françoise à Port-Navalo où je fais convalescence de la péritonite que j'ai eue à Vienne
ses intenses chagrins : deux qui ravivèrent le 10 Août 1992 cette tumeur, dormant peut-être depuis l'été de 1983 et cette alerte au colon
Sans doute, chacun, mes chers soeurs et frères, nous avons nos souvenirs qui certainement se recoupent et différent : richesse et vérité d'un bonheur.
J'ai tellement - quotidiennement - cette forme de présence d'avoir la très vive conscience d'être le fils de notre mère, le fils de mon père.
Et puis hier, inopinément, rangeant en vue d'une fête donnée par Marguerite samedi prochain, les cartons de papier et de livres que - mon cher Claude - tu avais confiés pour moi à Marion : cette page faite de la photocopie de trois cartes postales quelconques, surtout rendues en noir et blanc, de grands voiliers d'autrefois. Je ne me rends compte qu'ensuite, il y a une agrafe et donc une seconde page : Maman raconte l'attente de moi puis ma naissance à son premier enfant.
Depuis : tant de réminiscences, ses lettres, chaque année quelques-unes de plus retrouvées... ses livres : vous m'avez consenti l'ensemble de sa bibliothèque brochée. En fait sa présence. Façon de vraiment m'apparaître une fois, à mon ambassade quand j'entrais dans mon bureau, elle le quittait, le manteau vert-gris simple que nous lui avons connu et dans la nuit elle était apparue à mon interprète qui la reconnût sur photo, rétrospectivement seulement. sans doute, Maman était-elle venue s'assurer que tout allait bien.
Maman dans la foule remontant les Champs-Elysées : l'hommage à de Gaulle, trois jours après sa mort et ne doutant pas que j'arriverai à temps d'Iran pour le train vers Colombey le vendredi 12 novembre ... assistant à deux des rassemblements du Mouvement de Michel Jobert, où je parlais... rencontrant Moktar Ould Daddah et Mariem en 1980... faisant la connaissance du Père Laplace dès 1986 et ainsi de suite... mais Edith et Marguerite, seulement de pensée mutuelle 
Voilà. Je vous embrasse chacun très tendrement, même si nous nous voyons de moins en moins, au moins de vous à nous, ma chère femme, notre fille et moi.
Pensée constante et fidèle. Communion plus encore aujourd'hui.

[2] - Isaïe XI 1 à 10 ; psaume LXXII ; évangile selon saint Luc X 21 à 24

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