vendredi 14 avril 2017

Vendredi Saint - mon serviteur réussira, dit le Seigneur ; il montera, il s’élèvera, il sera exalté ! - textes du jour


Vendredi Saint - 14 Avril 2017

06 heures 40 + Le chant des oiseaux. Toute la journée a été pratiquement désoeuvrée, sauf une circulaire à mes jeunes « professants de foi » l’an dernier [1]rien fait de ce que j’avais prévu en suite de la promotion de mon livre, en préparatifs de notre départ pour Val–Thorens et de ce séjour. Seul avec notre fille. Ma chère femme va nous manquer. Fatigue pendant l’Office du Jeudi-Saint, « entre deux eaux » et une prière-présence éprouvant notre condition humaine. J’étais là porté par la liturgie mais plus encore par notre fille, svelte et recueillie, espiègle parfois, sa voix, les chants qu’elle connaissait et a donc chantés. Mais cette leçon d’humilité, ce constat que mes projets, que la courbe de toute une vie, pas précisément ambitieuse mais chargée de projections heureuses, fécondes et tranquilles, n’a apparemment rien réalisé. J’ai bénéficié et continue de bénéficier d’une compagne exceptionnelle, dont je me sens intensément responsable et d’une fille plus que gratifiante, heureuse de vivre, sensible, sérieuse et artiste. C’est immense et cela me conseille le repos, la tranquillité sans plus d’échéance que celles que Dieu me réservera. Leçon d’humilité correspondant à la liturgie du Jeudi-Saint. Pureté du cœur, attention aux autres : vous devez vous laver les pieds les uns aux autres, vigilance, celle du repas pascal à l’heure de la sortie d’Egypte : la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, le bâton à la main, vous mangerez en toute hâte, c’est la Pâque du Seigneur. C’est peut-être cette grâce qui m’est donnée, vivre à mon échelle, à la manière particulière que ma vie produit : l’humilité, l’apparent néant de mes efforts, le plus souvent mal organisés (ma tentative à mains nues et si seul, ce livre dont je dois assurer la promotion, et même la détresse d’Ousmane dont je vais sans doute – cadeau de lui, de la Providence et de « mon » moine – faire un écrit sans égotisme, mais permettant de tout dire dans un contexte peu courant et peu connu)… le parcours du Christ, un ministère public exténuant, des dialogues difficiles, des instants totalisants mais ce que nous commémorons est d’une solitude, d’un échec sans nom. Heureux suis-je d’être fatigué, abattu et découragé puisque cela me permet de m’insérer dans le malheur humain, de nous tous – physiquement et mentalement quand la déshérence nous saisit – et dans ce lui de notre pays, de nos pays à la dérive. L’expérience de ces semaines-ci et encore hier : le cri, l’appel, la demande… humainement sans écho ni réponses.  – Prier… [2] sur ton serviteur, que s’illumine ta face ; sauve-moi par ton amour. Soyez forts, prenez courage, vous tous qui espérez le Seigneur. … En toi, Seigneur, j’ai mon refuge ; garde-moi d’être humilié pour toujours. En tes mains, je remets mon esprit : tu me rachètes, Seigneur, Dieu de vérité. Prière du Christ, Sa vie entière est bien davantage que le don du Notre Père, elle est en tout école et proposition pour notre prière, elle est notre enveloppement. – Je reviendrai dans la journée ou ce soir sur les trois grands textes d’Isaïe : le sort de Dieu entre nos mains, et notre sort grâce à Lui : le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs fautes, de Paul ou des siens (la lettre adressée au Hébreux, le sens de tout l’Ancien Testament, mais aussi et surtout le sens de la souffrance et l’énigme d’un Fils perfectible en Son humanité, ce que j’ai depuis des années, du mal à accepter, parce que je ne le conçois pas) : bien qu’Il soit le Fils, Il apprit par ses souffrances l’obéissance et, conduit à sa perfection, Il est devenu pour tous ceux qui obéissent la cause du salut éternel… plus encore que de la souffrance, le sens de l’obéissance. Intérioriser et prier ces deux « choses », les ai-je jamais vécues ? sans doute pas, ou si petitement, l’une et l’autre… grâce et appel du Vendredi-Saint, examen de conscience : souffrance et obéissance, qu’en sais-je, qu’en ai-je vécu ? que me propose donc Dieu par cela ? sinon sans doute la vérité de la vie, de ma vie, et est-il une autre réussite d’une vie que d’avoir été vraie, dépendante, consciente de sa dépendance et priante, reconnaissante donc. Et puis l’évangile selon Jean. Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. Ce jour est un commencement alors qu’il semble la fin de tout. Pilate « accuse réception » mollement et petitement : Qu’est-ce que la vérité ? Pourtant, il la pratique puisqu’il proclame à la foule : moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation.[3] Sa peur de la foule est notre peur de la vie.
Marguerite hier et nos heures pour tenter de faire descendre notre chatoune de l’arbre où elle était montée on ne sait quand à l’occasion des promenades que nous lui permettons sur les toits de la maison par les velux du premier étage. Complaisance aussi de notre ami Christian M. et de son fils Baptiste. Echafaudages et coup de chance. La petite bête se laisse finalement tomber, mais nous échappe filant dans les ronces puis la pinède. Désespoir et larmes de notre trésor, résolue cependant à ne pas manquer l’office du Jeudi-Saint. Et voici qu’au bout d’une heure, tout est allé au plus simple. La chatoune avait regagné le toit, ses aîtres et lieux donc. Les larmes, celles du bonheur ressemblant tellement à la détresse. – J’écris à FH pour prendre congé. Ce fut mon projet de livre (quelques 116 pages, pas loin d’être au point, quand…), quand je croyais qu’il se représenterait : courage et logique, maîtrise du jeu. Il aura manqué, il nous aura fait manquer même sa sortie, la fonction devenue vacante depuis le 13 Octobre dernier, en coincidence avec la primaire de la droite (et d’un centre supposé) et surtout le document des évêques, probablement désavoué par une majorité d’entre eux : dans un monde qui change, retrouver le sens du politique, rien de la campagne ni de ce quinquennat ne nous y a amenés. C’est à nous d’y parvenir, de le retrouver…, sans dirigeants, ceux du passé ou celui probablement d’un avenir encore plus manqué, un visage aux yeux vides…et tant de repères ces années-ci, de plus en plus disparates que la hiérarchie opérée par tout discernement est devenue très difficile.
L’aquarium, autre leçon. Prison à vie, transparence apparente sur l’indéchiffrable, les poissons de notre fille, en mouvements vifs : attente du repas, tandis qu’ils s’endorment tôt avant même la tombée du jour.

07 heures 52 + Lumière belle et dorée sur nos arbres compagnons. Les oiseaux que je ne vois jamais, leurs trilles. Ceux qui viennent, familiers, tout proches, ne chantent pas. Chanter caché, invisible mais par rapport à qui ?

14 heures + Marguerite chez sa chère Camille, l’aventure de Baya la petite chienne s’échappant et c’est notre fille, expérimentée, qui la rattrape mais avec l’appât préparé par Camille. Vannes, la cathédrale Saint-Pierre bien plus belle de chevet que de façade. Hier soir, la splendide croix de vitrail à la Trinité-Surzur, baissant de luminescence avec le jour, pour notre Office de la Dernière Cène. Eglise fermée ce matin, mais photos du dehors, puis revenant par la petite route de Brizon, un champ aux labours énormes que nous avions vu hier soir, travaillé à la lampe : ce matin, les mouettes et la semaille. Puis les vaches au Toulcar pour le foin de nos chèvres : leur couchette d’été.
Prier… ce qui n’avait pas été prophétisé, c’est cette mûe du peuple : élu, descendant d’Abraham, ethnique dans l’Ancien Testament, et ce peuple par le baptême, par l’adhésion par la conversion que fonde le Nouveau Testament. La vocation de Pierre, mais tout autant la dation mutuelle : la mère du Sauveur, Marie Théotokos et Jean le disciple que Jésus aimait. Or, près de la croix de Jésus se tenaient se mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas [4], et Marie-Madeleine. Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils ». Puis il dit au disciple : «  Voici ta mère ». Et à partir de ce jour-là, le disciple la prit chez lui.


[1] - je te souhaite une bonne suite de ces vacances de Pâques. Ces trois jours : le Jeudi-Saint faisant mémoire du dernier repas de Jésus et de l’institution de l’Eucharistie donc de Sa présence pour toujours avec nous ; le Vendredi-Saint nous faisant voir et comprendre Son supplice moral et physique ; la nuit de Pâques qui est la Résurrection, et comme Jésus est vrai Dieu et vrai homme, cela signifie que nous : humains, comme Il l’a été, nous ressusciterons certainement grâce à Lui, grâce à Son Père, et selon notre foi.
J‘espère que tu sera allé en famille ou avec des amis à ces trois messes du soir ou le dimanche matin de Pâques.
Ce serait bien que tu prennes l’habitude – en plus de la messe de chaque dimanche – de lire les textes de la messe en semaine, une fois ou l’autre, même si tu n’y assistes pas. Les textes sont sur internet : aelf.org. Tu pourrais aussi te faire abonner à Prions en Eglise junior ou à Philothéo. Marguerite lis tout cela, et nous essayons de dire ensemble la prière du soir, avant qu’elle ne s’endorme. C’est aussi un moment de rencontre et de bilan de la journée que tu pourrais faire avec tes parents, et si tu n’es pas enfant unique, avec tes sœurs et frères aussi. Le spirituel et l’affectif.
Nous pourrions – à la rentrée – nous retrouver le mardi 25, à la messe de midi – petite chapelle de l’Ecole.
Si tu me réponds par lettre ou par internet, je te répondrai à mon tour et donc plus particulièrement que cette lettre-ci adressée à chacune et chacun de ton groupe faisant solennellement Profession de foi. Je pense à toi et je pense à vous./.
   
[2] - Isaïe LII 13 à LIII 12 ; psaume XXXI ; lettre aux Hébreux IV 14 à 16 & V 7 à 9 ; passion de Notre seigneur Jésus Christ selon saint Jean XVIII 1 à XIX 2

[3] - évangile selon saint Jean XVIII 37 et 38

[4] - est-ce le Cléophas, s’en revenant avec un autre, le soir de Pâques, de Jérusalem à Emmaüs – Luc XIV 18 – il serait alors proche parent par alliance de Jésus, puisque Jean nous apprend la Vierge avait une sœur de même prénom, et épouse d’un Cléophas

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