mardi 12 décembre 2017

il se réjouit pour elle plus que pour les 99 qui ne se sont pas égarées - textes du jour


Mardi 12 Décembre 2017

11 heures 20 + Ecrit à EM… je le voulais depuis cet après-midi du samedi 9, mais ne savais rien exprimer. C’est donc fait [1]

19 heures 58 + Le mystère des apparitions mariales  : Guadalupe… les polémiques et conjectures sur Mezzugorje… extravagance ? la translation de la maison de la Vierge Marie de Palestine en Italie adriatique … Fête et mémoire aujourd’hui, le dernier Aztèque et son témoignage est chrétien… Et voici le retour de ma chère femme.

 23 heures 02 + Les échanges sur le moment mauritanien qui n’est pas nouveau depuis 2008, mais surtout sur un initiative française : conjecturée ? supposée ? réelle . Mon ami Mohamed Abdellahi ne sait rien directement mais situe, et mon cher JMC dément. L’emprise de l’existant quand on est diplomate de carrière. J’ai toujours libre de toute formation, mettant mon instinct au service seul de ce que je croyais l’intérêt de la France. Evidemment, je n’étais pax aux normes et ne mordait donc pas sur les convictions et habitudes. Echanges avec mon cher aîné. Echanges avec Catherine B. qui m’entreprennent aux larmes, j’ai tout pour la comprendre sans qu’il soit nécessaire de communiquer pourquoi. La communion est l’essentiel.
Prière si simple, celle de la foi pour demander de la force. Il m’en faut, j’en serai gratifié. Prier avec Catherine B., avec notre fille (je lui ai suggéré d’en écrire quelques-unes pour elle seule : demander à Jésus de lui donner l’Esprit Saint, d’ici quelques mois : sa confirmation. Je demande aussi temps et force pour transmettre, talent et force pour ce livre qui va encore incuber un mois. Vie de famille en vacances, gestion de la maison et de notre environnement d’ici là. Mais prier…, ne pas passer à côté de Dieu… c’est bien ce dont j’ai pris conscience en fin de matinée, aujourd’hui, partant pour la messe hebdomadaire de SFX. Vivre pour ne pas offenser Dieu, notre Créateur et Sauveur, et pour ne pas manquer à qui a besoin de moi et/ou m’aime. Vivre, même si cela fait mal ou désespère : se sentir s’éteindre, ressentir que la vie se retire, le sablier…
L’interjection d’Isaïe, déjà lue et priée, mais celle de Jésus, si difficile à comprendre, la prédilection divine pour qui est égaré, perdu, sans ressources. Le berger risquant tout. Ces paraboles de Jésus : les métiers, le pêcheur, le vigneron, le moissonneur, le banquier, le patron, mais jamais son propre métier, le bois, la corde du pendu, jamais évoqué ?ou au contrainte une conscience constante et communiquée : tué pour ressusciter et nous sauver. Toute chair est comme l’herbe, toute sa grâce, comme la fleur des champs. L’épitaphe de Maria VETSERA à Mayerling, l’aimé du Kronprinz Rudolf, ma première sortie de Vienne en Octobre ou en Novembre 1998. Réponse à la loi de mort : l’herbe se dessèche et la fleur se fane quand passe le souffle du Seigneur… mais la parole de notre Dieu demeure pour toujours. [2]  Alors se révèlera la gloire du Seigneur, et tout être de chair verra que la bouche du Seigneur a parlé. …  Voici le Seigneur Dieu ! Il vient avec puissance… Voici le fruit de son travail avec lui, et devant lui son ouvrage. Comme un berger, il fait paître son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, il mène les brebis qui allaitent. Et c’est la parabole du Bon Pasteur, celle aussi de l’utilité marginale, celle de l’amour divin, trait pour trait selon Isaïe. Votre Père qui est aux cieux ne veut pas qu’un seul de ces petits soit perdu.
Le dérisoire et l’emphatique encore plus corrosif que le temps et la distraction depuis l’acmée nationale grâce à Johnny HALLYDAY et à ses accompagnants de la première à la dernière heure. Cet énième « sommet » sur le climat, déclamé par EM, les amphithéâtres qui ne sont plus jamais en plein air, la dramatique domesticité des médias français quand il s’agit de « nouvelles », le leadership sur ce sujet comme sur d’autres, puisque les Etats-Unis s’absentent du fait de TRUMP. – Réponse, la réflexion, la recherche, le travail. Et d’abord la question : disparaîtrons-nous ? comme tant d’autres avant nous, en tant que civilisation… deux grandes heures données ce soir par RMC, passionnantes et de ce genre unique mais éprouvé depuis Socrate, plus on découvre et apprend, plus on sait que l’on ne sait rien et que ce que l’on savait n’était qu’hypothèse controuvée. Mise au net demain…

Hier soir, ce grand moment du cinéma français : le noir et blanc, la photographie si précise (à la Harcourt), l’histoire aussi, le commencement de Lino VENTURA, le rebond de Jean GABIN. Leçon qui porte maintenant, sur ce que nous avons vécu ces jours-ci, sur ce qui s’est débattu aujourd’hui : la forme française, sobriété, lien entre beaucoup d’éléments de l’esthétique au scenario. Cela vaut en art du cinéma et en politique, j’ai essayé de le donner à EM ce matin. Il me semble que nous avons le même type, non de culture – il y autant de cultures que de personnes (combien Marguerite me le fait voir chaque jour !) – mais d’éducation. Limitée, pas très originale, mais dense et je crois cohérente. Reste l’exaltation par la fonction, je l’ai toujours redoutée pour moi-même, chaque fois que quelque chose me hissait, un temps que je savais d’avance précaire et bref. Touchez pas au grisbi.


[1] - comment ne pas admirer, tout ce qu’il nous est arrivé ce samedi 9 ?
Le peuple français, nous tous, emmenés dans l’émotion et la communion, par certains de nous : une « classe d’âge », une origine de souche, une culture, chacune précise, mais justement en rien exclusive, et la contagion d’un amour et d’un parcours avec un artiste hors du commun à tant d’égards et pendant tant de décennies, s’est opérée. Le miracle français de l’union, transcendant toutes les classifications et analyses convenues, tous les clivages sociaux, culturels, ethniques, s’est opéré. Nous en perdions mémoire et plus encore expérience.
Vous-même, nous présidant et – pour la première fois, vraiment, depuis votre avènement – nous exprimant si bien. D’autant que votre discernement, souvent hors du commun (avoir discerné que votre prédécesseur non seulement ne se représenterait pas, mais ne lutterait même pas, avoir discerné la grande lassitude des Français vis-à-vis du système de reproduction à chaque élection d’une joute puis d’un échec devenus habitudes, et par ce discernement avoir été favorisé de tant de chances par élimination de votre principal concurrent et par évidence de la nullité d’une adversaire si favorisée par les sondages jusqu’à réduire l’élection présidentielle à son seul premier tour), vous avait archi-préparé à l’échéance : une intimité de six mois avec l’artiste telle que son épouse vous prévient avant tous, une vue de la journée en très grand par le rythme et par le parti magnifique tiré de toutes les ressources de notre capitale. Enfin, le chef d’œuvre, sans rien toucher à l’option séculaire de notre laïcité, de faire reconnaître à tous – grâce il est vrai à la nature profonde de Johnny Hallyday – les racines spirituelles de notre pays.
A Johnny et à vous, dette certaine de reconnaissance. Cela s’est contracté en quelques minutes de votre correspondance à tout quand vous avez commencé de parler, au point qu’à treize heures quinze de ce jour-là, quand a retenti, délibérée et vraie, votre invite à applaudir celui que ne nous quittait que physiquement, votre quinquennat alors, et seulement alors, a véritablement commencé.
Il est décisif pour notre pays, plus encore que pour votre destin personnel, que ce fil enfin trouvé, presque par instinct, vous ne le lâchiez plus. Il va rester fragile tant que la durée ne l’aura pas vraiment dévidé. Ce fil, c’est la communion nationale et celle-ci ne peut durer que si la participation des Français n’est pas qu’émotionnelle et événementielle, mais pratique, appliquée aux décisions d’intérêt commun, aux grandes gestions. Le thème et l’envie, quoiqu’apparemment différencie en chacun de nous, la responsabilité des pouvoirs publics, à commencer par celle du président de notre République ne sont pas nouveaux quoique tellement oubliés : ainsi, cette procédure par ordonnance pour adapter ou changer un des éléments fondamentaux de notre vie sociale, celle au travail et en entreprise. Vous n’avez en rien gagné du temps, puisque les décrets d’application n’entreront en vigueur que le huitième mois de votre quinquennat : des sessions exceptionnelles, des procédures d’urgence eussent été plus rapides, les consultations et débat à « ciel ouvert » et les compétences du gouvernement et du Parlement, que vous avez eu tendance à accaparer et même à fusionner pour votre mise en évidence, et bien trop en scène, auraient été pratiquées, reconnues. Présider notre République, c’est nous animer et nous conduire, nous incarner, pas nous réduire.
La participation s’est fondée chez nous, quoique cela ne soit pas dit, à ma connaissance, le 18 Juin 1940. De Gaulle n’appelait pas, il répondait. L’espérance de Français refusant que la partie soit jouée, et qui en appelait au destin, sinon à un inconnu. Toute la guerre de résistance et de libération a été une intense participation parce que le volontariat apparaissait en conscience au meilleur et aux meilleurs de nous-mêmes. De Gaulle a tenté de prolonger sous des formes pérennes une ambiance et l’emploi de chacun, dans des contextes ensuite changés par la paix. L’effort pour la participation dans l’entreprise : son gouvernement, son discernement des opportunités technologiques et commerciales, ses bénéfices, n’est toujours pas la tension législative que nous devrions exiger de nous-mêmes. En politique, le referendum et l’engagement personnel et à fond du président de la République ne s’est jamais reproduit depuis de Gaulle : résultat, 54%  d’abstentions, ou presque, pour votre élection présidentielle, un peu plus pour la composition de la nouvelle Assemblée nationale, presque la même chose pour les élections corses. Cela fait de la légalité, mais pas de l’élan.
Vous devez susciter cet élan, et ce sera exemplaire pour la cause européenne qui échoue car depuis une vingtaine d’années, elle n’est plus que gestation intergouvernementale.
Quelques chantiers, que je me suis permis de déjà vous suggérer. La planification délibérative – le rythme quinquennal s’y prête – de l’ensemble des projets et actions de tous les acteurs politiques, financiers, économiques et sociaux. L’esprit de défense manifesté par un service national universel, garçons et filles, en deux étapes, chacun d’une année, la préparation militaire, le devoir et la prudence d’une coopération par les jeunesse avec les pays et peuples en déshérence d’espoir et de démocratie. Par courriel, j’ai dit à Philippe Etienne, amical truchement pour que cette lettre vienne sous vos yeux, ainsi qu’à mon ami Jean-Marc Chataigner, combien la Mauritanie est un test pour vos manières de traiter avec les dictatures (votre entretien de campagne avec Bourdin, le 18 Avril dernier) et pour la nécessité d’inspirer confiance à nos partenaires européens dans la question du Sahel, frontière méridionale de l’Union européenne.
Leçon que chaque jour me donne notre fille unique de treize ans : l’éducation nationale est devenue mutuelle entre générations (internet et informatique pratiqués par nos enfants, quasiment de naissance, et surtout ataviquement compris dans leurs développements au lieu du labeur consentis à consentir par les adultes). Pas de réforme, pas de rôle tant attendu de l’école en tous domaines si celle-ci, et par extension ce qu’il se passe après le baccalauréat ne sont pas vécus, définis, appliqués à égalité de responsabilité par les enfants, par les étudiants et par les cadres enseignants de toute expérience.
Le numérique, commodité certaine en documentation, en communication, en archives mais vulnérabilité à toute attaque et a fortiori à une guerre informatique, entre Etats ou menée par des entités non identifiées en intérêt et en organisation, est aussi une formidable vulnérabilité. C’est aussi l’atrophie, l’isolement de celles et ceux qui ne peuvent pratiquer informatique et internet. Les personnels de nos administrations régaliennes désespèrent – j’en vis de nombreux exemples – de cet oubli ordonné de la relation humaine. Ce danger est là, les dégâts vont être substantiels. C’est l’exact contraire de la participation. Or, celle-ci doit devenir votre ambition, votre souci, votre vérification de chaque jour. Votre quinquennat commençait mal, alors que tout demande l’application de votre liberté d’esprit et de votre puissance de travail. Samedi dernier quand en France partout, à votre demande, nous avons applaudi le don de soi d’un grand homme (se faire inhumer sous son nom de naissance, et pas de seule gloire…), l’esprit de notre participation et donc de votre mandat présidentiel, s’est éveillé.

[2] - Isaïe XL 1 à 11 ; psaume XCVI ; évangile selon saint Matthieu XVIII 12 à 14

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