lundi 5 mars 2018

Le numéro trois du Vatican pourrait être jugé pour des « délits d’agressions sexuelles »



 

 

lemonde.fr


Un tribunal de Melbourne doit décider si les preuves justifient le renvoi en procès du cardinal George Pell.
LE MONDE | 05.03.2018 à 10h51 • Mis à jour le 05.03.2018 à 11h02 | Par Isabelle Dellerba (Sydney, correspondance)
image: http://img.lemde.fr/2018/03/05/0/0/3500/1970/534/0/60/0/1b6139d_TOPTW161_AUSTRALIA-ABUSE-PELL_0305_11.JPG
Le cardinal George Pell quitte le tribunal, à Melbourne, lundi 5 mars.
L’un des plus hauts responsables de la curie romaine sera-t-il jugé pour des « délits d’agressions sexuelles » ? C’est ce que devra décider la justice australienne à l’issue de quatre semaines d’audience qui ont débuté lundi 5 mars. Le cardinal George Pell, ancien archevêque de Sydney, nommé en 2014 ministre de l’économie du Vatican, comparaît devant un tribunal de Melbourne à la suite de son inculpation en juin 2017 pour des agressions sexuelles « anciennes » impliquant de « multiples plaignants ». Si la magistrate chargée du dossier conclut qu’il existe suffisamment d’éléments de preuve contre lui, l’ecclésiaste sera jugé.
« Ces audiences, quoi qu’il arrive, sont importantes. Elles montrent que chacun, quel que soit son rang, peut désormais se retrouver confronté à la justice », estime Cathy Kezelman, présidente de la Blue Note Foundation qui soutient les personnes victimes d’agressions dans leur enfance. C’est un pas significatif après de longues années de silence sur les agressions sexuelles. »
Entre 1950 et 2010, 7 % des prêtres d’Australie auraient été visés par des accusations d’agressions sexuelles sur des mineurs sans que celles-ci fassent l’objet d’investigations, selon une commission d’enquête royale établie par le gouvernement australien en 2012. Cette dernière a conclu en décembre 2017 que, pendant des décennies, les principales institutions du pays – églises, écoles, orphelinats, clubs de sport – avaient « gravement manqué à leurs devoirs » de protection de l’enfance.

Redoutable équipe de défense

Si le cardinal Pell a été inculpé pour des actes qui auraient été commis il y a très longtemps, l’âge des victimes présumées et la nature précise des faits supposés n’ont pas été rendus publics. Le prélat de 76 ans a toujours clamé son innocence et entend profiter de la procédure judiciaire pour « laver son nom » : « L’idée même d’agression sexuelle m’est odieuse », avait-il déclaré en juin 2017.
La première partie des auditions entamées lundi sera consacrée aux témoignages des plaignants. Elles auront lieu à huis clos et dureront une quinzaine de jours. Au total, une cinquantaine de témoins devraient être convoqués. Ils feront face à la redoutable défense du cardinal Pell, dirigée par l’avocat Robert Richter. Ce ténor du barreau, qui a compté parmi ses clients Julian Knight, un tueur de masse, et Mick Gatto, une figure de la pègre melbournienne, est réputé pour ses contre-interrogatoires pointilleux.
M. Richter devrait notamment demander pourquoi les premières accusations contre le prélat n’ont été portées que de longues années après les faits supposés. Il devrait également se pencher sur la crédibilité des plaignants. Son équipe avait demandé à avoir accès à leurs dossiers médicaux, une requête qui lui avait été refusée par la justice. Elle avait en revanche obtenu gain de cause concernant sa demande de documents à la chaîne australienne ABC.
C’est en effet dans le programme télévisé « 7.30 » que des journalistes avaient révélé, en juillet 2016, l’existence de plaintes contre le cardinal et diffusé le témoignage de deux quadragénaires l’accusant, face caméra, d’attouchements sexuels dans une piscine alors qu’ils étaient enfants à la fin des années 1970. Un troisième homme affirmait qu’il se serait montré nu devant trois garçons dans le vestiaire d’un club de surf pendant l’été austral 1986-1987.

Protocoles

Peu après la diffusion de cette émission, la police avait confirmé, sans fournir de détails, enquêter sur le numéro trois du Vatican. En octobre 2016, trois officiers s’étaient rendus à Rome pour l’entendre. Inculpé en juin 2017, il a été mis en « congé » du Saint-Siège pour pouvoir rentrer dans son pays et se défendre. « On ne doit pas juger le cardinal avant que la justice juge, avait estimé le pape François dès juillet 2016. Une fois que la justice aura parlé, moi, je parlerai. »
En 2014, le pontife avait choisi cet Australien issu des rangs conservateurs de l’Eglise, énergique et réputé excellent gestionnaire, pour diriger le nouveau secrétariat à l’économie chargé de gérer les finances du Vatican. Cette nomination avait fait grincer des dents aux antipodes, où le nom du cardinal était déjà associé, de manière indirecte, aux affaires de pédophilie touchant l’institution.
Nommé en 1973 vicaire à Ballarat, une ville de l’Etat du Victoria, il y avait officié alors qu’y sévissaient cinq prêtres pédophiles. Il avait été accusé de s’être tu voire d’avoir protégé certains d’entre eux. Entendu trois fois par la commission d’enquête royale sur ces faits et sur son action en tant qu’archevêque de Melbourne, il a toujours nié avoir eu connaissance des crimes commis à Ballarat, et rappelé qu’en 1996 il avait été le premier à mettre en place des protocoles pour répondre aux problèmes de ce genre dans l’Eglise australienne.
Sa défense a annoncé en juillet 2017 qu’il plaiderait non coupable de toutes les charges retenues contre lui dans l’hypothèse d’un renvoi en procès.
Vos réactions (11)
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.705/img/placeholder/avatar.svg
Victime 05/03/2018 - 13h45
M Richter va demander pourquoi les premières accusations sont arrivées si tard ? C’est parce que les victimes finissent par parler, un jour : quand elles étouffent.
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.705/img/placeholder/avatar.svg
max 05/03/2018 - 14h07
Tout à fait d'accord avec vous ! la honte empêche pendant très longtemps les victimes de parler, surtout lorsqu'il s'agit de religieux, respectés par les parents ... malheureusement
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.705/img/placeholder/avatar.svg
PATRICK LABIA 05/03/2018 - 13h24
si je comprends bien le cardinal Pell a pelé le jonc! et alors il n'a tué personne;à une autre époque il aurait eu le prix nobel de littérature ou décoré la chapelle sixtine;le vatican est il tombé à ce point sous la coupe des anti harcèlement et autres féministes /vegan/moralistes/journalistes kasher?
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.705/img/placeholder/avatar.svg
Jacques Gisserot 05/03/2018 - 13h02
Les preuves, quelles preuves. Il y en a ou il n’y en a Pas. Parler de preuves insuffisantes est un crime qui abolit toute idée de justice et par dessus le marché une absurdité intellectuelle qui nie l’esprit et la raison. Faire du doute une preuve est immonde et voir dans un faisceau de doutes une preuve autre que celle de l’absence de toute preuve constitue un effondrement moral pernicieux, contagieux et répugnant.
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.705/img/placeholder/avatar.svg
Marc D. 05/03/2018 - 12h49
Se montrer nu dans un vestiaire de garçons est une agression sexuelle? Ils sont de plus en plus fous ces victoriens!
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.705/img/placeholder/avatar.svg
Hilare 05/03/2018 - 12h30
Doux Jésus.... Mais où va t-on si on ne peut plus se pencher et embrasser un doux jésus....
*

*             *

 


lemonde.fr

Le pape nomme une nouvelle commission antipédophilie

Neuf nouveaux membres rejoignent le groupe d’experts, dont le bilan est critiqué par les victimes d’agressions sexuelles au sein de l’Eglise.
LE MONDE | 19.02.2018 à 10h46 • Mis à jour le 19.02.2018 à 10h49 | Par Cécile Chambraud
image: http://img.lemde.fr/2018/02/15/0/0/3968/2645/534/0/60/0/a56cb63_5943564-01-06.jpg
La pape François face à la curie romaine, le 15 février au Vatican.
Le pape François s’efforce d’effacer l’impression désastreuse laissée par son voyage au Chili, en janvier, quant à sa gestion des affaires de pédo­philie dans l’Eglise catholique. Il a nommé, samedi 17 février, les membres de la nouvelle commission pontificale de protection des mineurs, chargée de le conseiller pour améliorer la prévention des agressions sexuelles dans l’Eglise et de conseiller les Eglises locales en la matière. Le mandat de la précédente commission avait expiré le 17 décembre 2017 et depuis, son avenir semblait en suspens.
Sept membres de la première commission ont été reconduits, neuf nouveaux les ont rejoints et sept sortants n’ont pas été retenus. Cette commission demeure présidée par le cardinal Sean O’Malley, archevêque de Boston. Le Vatican a précisé qu’ainsi constituée, la commission comprenait des victimes d’agressions sexuelles, mais n’a pas précisé qui, afin de les préserver. La précédente commission comprenait deux victimes. Le Britannique Peter Saunders avait été prié de suspendre sa présence en 2016. L’Irlandaise Marie Collins avait fini par démissionner en mars 2017, accusant une partie de la curie romaine, en particulier la Congrégation pour la doctrine de la foi, de traîner les pieds dans la lutte contre la pédophilie.

Rapport sans réponse

Mais ces nominations sont loin d’apporter toutes les réponses. Catherine Bonnet, une pédopsychiatre française qui faisait partie de la première commission et qui n’a pas été reconduite, juge « très ennuyeux » de constater que les propositions faites au pape par la première commission, au terme de trois ans de travail, n’ont jusqu’ici eu aucune réponse. Le 21 septembre 2017, la commission avait remis au pontife un rapport qui formulait plusieurs actions concrètes, comme la levée du secret pontifical en cas d’agression sexuelle pour permettre aux victimes d’être mieux informées, et l’abolition du délai de prescription. « Il n’y a pas eu de réponse. Pour moi, c’est un souci », explique-t-elle.
Elle regrette aussi que la commission sortante n’ait à aucun moment pu avoir de séance de travail avec le pape. « Nos propositions sont forcément complexes et délicates. Il est dommage que nous n’ayons pas eu l’occasion de les lui expliquer », ajoute-t-elle. Elle « espère qu’il y aura une certaine continuité et que la prochaine commission tiendra compte de ce qui a été fait ». Elle-même avait transmis au pape sa démission – que François a refusée – en juin 2017, faute d’avoir obtenu que la commission puisse lancer un appel public à témoignages auprès des victimes et de leurs associations, et que soit retenue l’obligation, pour les évêques et les supérieurs d’ordre religieux, de signaler les suspicions de violences sexuelles aux autorités.
Le même jour, samedi, Mgr Charles Scicluna, chargé par le pontife d’enquêter sur les accusations portées contre un évêque chilien par des victimes d’agressions sexuelles, a commencé ses auditions. Il s’est entretenu samedi, à New York, avec Juan Carlos Cruz, l’une des victimes du prêtre Fernando Karadima, un ancien formateur charismatique, reconnu coupable en 2011 par un tribunal du Vatican d’avoir agressé des jeunes qu’il formait dans les années 1980 et 1990.

Les « gauchistes » contre l’évêque

Juan Carlos Cruz et au moins deux autres personnes accusent Mgr Juan Barros d’avoir été au courant, et même témoin, de scènes d’agressions et d’avoir couvert ces faits, y compris après être devenu évêque, en 1995. François l’a nommé dans le diocèse d’Osorno début 2015 et il a accusé les laïcs et les membres du clergé qui protestent, depuis, contre cette nomination, d’être manipulés par des « gauchistes ».
« Ce fut une longue entrevue, difficile sur le plan émotionnel. Pour la première fois, j’ai le sentiment qu’on nous écoute », a commenté Juan Carlos Cruz, samedi, après avoir rencontré Mgr Charles Scicluna. Selon M. Cruz, la conversation a porté aussi sur le rôle qu’auraient joué d’autres évêques chiliens ainsi que deux cardinaux, Francisco Javier Errazuriz et Ricardo Ezzati, dans la protection de Fernando Karadima. Le cardinal Errazuriz est membre du conseil des neuf cardinaux dont s’est entouré le pape. Une longue lettre de témoignage, écrite par Juan Carlos Cruz, aurait été transmise à François par l’intermédiaire du cardinal O’Malley dans le courant de l’année 2015. Mgr Scicluna, qui préside un conseil du Vatican chargé d’examiner les recours de prêtres soupçonnés de délits graves, comme les viols sur mineurs, était attendu lundi au Chili, où il devait recueillir d’autres témoignages.
Vos réactions (4)
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.705/img/placeholder/avatar.svg
WTF il y a 2 semaines
Le pape (et par extension ses prédécesseurs) donne l'impression de faire à peu près autant contre la pédophilie dans les rangs de l'Eglise que ce que fait Donald Trump (et par extension ses prédécesseurs également) contre la prolifération des armes aux USA... Dans ces 2 cas les enfants paient un lourd tribu. Bienvenue dans le 3ème millénaire !
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.705/img/placeholder/avatar.svg
Cyril il y a 2 semaines
Si vraiment l'Eglise voulait régler le problème, ce serait soit par le bas (exemplarité des sanctions), soit par le haut (femmes prêtres, autorisation du mariage...) et les 2 en même temps, finalement, ce serait le minima ! Et là, je regarderai l'église catholique d'un autre œil !
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.705/img/placeholder/avatar.svg
Openeye il y a 2 semaines
C'est le bon moment pour rappeler que Clémenceau avouait que, lorsqu'il voulait ne pas s'occuper d'un problème, il créait une commission pour s'en occuper. Le pape connait ses classiques, de toutes évidences.
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.705/img/placeholder/avatar.svg
munstead il y a 2 semaines
Il fait encore mieux! Il dissout la commission quand elle ne lui plaît pas et en nomme une autre…
Vos réactions (8)
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.705/img/placeholder/avatar.svg
rob il y a 2 semaines
Comme d'habitude, on enterre les problèmes. Ce pape se décrédibilise de jour en jour. D'abord le soutien au pédophile chilien; maintenant nomination d'une commission avec une majorité de gens qui ont soutenu ou soutiennent les prêtres pédophiles. Bref du grand n'importe quoi.
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.705/img/placeholder/avatar.svg
micélium il y a 2 semaines
la pédophilie c'est ce qui va tuer l'église catholique.elle agonise et c'est pas un spectacle pour les enfants
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.705/img/placeholder/avatar.svg
Yaka Fokon il y a 2 semaines
Bon pour être curé, évêque, etc il faut avoir un sexe masculin mais il est interdit de l'utiliser. Solution radicale: la chirurgie,
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.705/img/placeholder/avatar.svg
WTF il y a 2 semaines
Le pape (et par extension ses prédécesseurs) donne l'impression de faire à peu près autant contre la pédophilie dans les rangs de l'Eglise que ce que fait Donald Trump (et par extension ses prédécesseurs également) contre la prolifération des armes aux USA... Dans ces 2 cas les enfants paient un lourd tribu. Bienvenue dans le 3ème millénaire !
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.705/img/placeholder/avatar.svg
Cyril il y a 2 semaines
Si vraiment l'Eglise voulait régler le problème, ce serait soit par le bas (exemplarité des sanctions), soit par le haut (femmes prêtres, autorisation du mariage...) et les 2 en même temps, finalement, ce serait le minima ! Et là, je regarderai l'église catholique d'un autre œil !
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.705/img/placeholder/avatar.svg
mdut il y a 2 semaines
Alors on passerait du célibat obligatoire au mariage obligatoire ? Et sinon, les prêtres célibataires seraient en permanence soupçonnés de pédophilie ? Et enfin, pensez-vous que tous les pédophiles sont célibataires ? La réponse oui serait une lourde erreur. Les solutions simplistes à un problème complexe n'ont, en général, que peu de valeur.
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.705/img/placeholder/avatar.svg
Openeye il y a 2 semaines
C'est le bon moment pour rappeler que Clémenceau avouait que, lorsqu'il voulait ne pas s'occuper d'un problème, il créait une commission pour s'en occuper. Le pape connait ses classiques, de toutes évidences.
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.705/img/placeholder/avatar.svg
munstead il y a 2 semaines
Il fait encore mieux! Il dissout la commission quand elle ne lui plaît pas et en nomme une autre…

Aucun commentaire: